Cela faisait près de trois jours qu'une rumeur stupide circulait au sujet de Ruby. Bien que n'égalant pas le coup du bonnet E caché sous une dizaine de pulls, son aspect improbable était déplorable. Selon les personnes, la version variait. On prétendait qu'un chien l'avait mordue férocement lui donnant la rage par la même occasion, ou encore qu'un camion de glace avait explosé à côté d'elle au village. Dans tous les cas, un fait restait le même, elle était maintenant aux yeux de beaucoup manchot. En commençant par la cafétéria pour finir dans sa chambre, chaque personne qu'elle avait put croiser n'avait pas manqué l'occasion de lui demander si c'était vrai. D'une certaine façon, c'était là un assez bon moyen de prouver leur stupidité. Après tout, jusque là, la poupée humaine ne s'était pas amusée à dissimuler un de ses bras. Pourtant, dès lors qu'elle n'avait de cesse de lever les deux bras en l'air pour démentir la rumeur, elle ne cessa de se transformer.
Maintenant, elle était passée par l'hôpital et on lui avait posée un prothèse. Bien évidemment, sa famille avait décidé de garder ça secret pour éviter un scandale. Donc, si tout se passait bien, dès demain matin, elle disposerait d'une horde de journalistes devant les grilles du pensionnat près à tout pour obtenir le scoop. Si il n'avait s'agit que de cela, ça ne se serais pas propagé à cette vitesse. Et seul une poignée de photographes seraient venus pour blâmer à la fois une tragédie mais aussi une courageuse petite fille ayant perdue son bras et compromettant peut-être son avenir. Malheureusement, à partir du moment où la famille essayait de le dissimuler, ça DEVAIT cacher quelque chose.Après cela, l'histoire continuerait dans l'ombre et se tasserait pendant un moment. Avant de ressortir en première page: "Ruby Kyuji, l'héritière victime d'un attentat contre sa famille". Oui, car sa famille serait immédiatement visée.
Pour finir, ce serait six ans plus tard, lorsque la jeune fille commencerait son premier travail que son/sa secrétaire lui proposerait d'écrire à sa place et qu'elle refuserait avant d'elle même écrire. Un nouveau scandale naîtrait alors, "les Kyuji nous mentent depuis le début ! Un bien beau mensonge pour une stratégie commerciale". Mais après tout, qui y a-t-il de plus fondée qu'une rumeur de couloir ? La première idée qui vous vient à l'esprit ? Ruby n'en pouvait décidément plus. Alors que la poupée humaine avait décidé de ne plus sortir de sa chambre pour un moment, elle admira l'emploi du temps de ses camarades de chambres. Apparemment, elle avait encore du temps. Elle s'arrêta un instant devant le miroir, commençant à croire elle même à cet histoire qui s'était propagée telle un virus.
Elle leva les bras, les rebaissas, effectua toutes sortes d'étirements, fît craquer ses articulations, chercha du bout de ses doigts la présence d'un bout de plastique. Une dizaine de minutes plus tard, alors qu'elle commençait à se pincer, elle pris une décision à toute encontre. Elle enfila son bras droit hors de la manche , enfilant un pull pour la cacher dans son dos. Elle fixa à nouveau le miroir. Elle était à présent manchot ! Elle se mit à rire d'elle même devant l’extrême stupidité à laquelle elle avait failli croire. A présent, ne seule envie lui trottait dans la tête, celle de rejoindre rapidement son lit. Elle se jeta dessus gardant ce petit sourire amusé aux lèvres qu'elle n'avait pas souvent. Quand elle y pensait, c'était là la première rumeur qui la faisait un tant soit peu rire. Tout de même, si elle avait rembourrée son soutiens gorge jusqu'à ce qu'il explose lorsque la rumeur du bonnet E circulait, ses problèmes mentaux n'auraient plus étés à prouver.
La jeune fille ferma les yeux exténuée par cette journée qui finalement avait à peine commencée. Elle avait des cours certes, mais à quel prix ? Celui de trois petites heures de sommeil ? Le choix était très vite fait, Ruby s'endormie. Quand la poupée humaine ouvra les yeux, elle était recroquevillée, serrant son oreiller contre elle comme une enfant faisant un câlin à son ours en peluche. Effrayée par l'idée que quelqu'un l'aie vue, elle jeta le polochon à l'autre bout de la pièce qui vint percuter la fenêtre violemment. Puis, elle lança un regard suspicieux autour d'elle cherchant d'éventuels observateurs. Quand elle se rendit compte que la pièce était vide, elle poussa un soupire de soulagement. Elle n'avait toujours pas réussie à perdre cette habitude dont elle souhaitait pourtant ardemment se séparer. Pour quelle raison ? Il lui faisait très simplement perdre toute crédibilité.
Ruby sursauta quand on frappa à la porte, attendant que la personne ne dévoile son identité. Elle attendit avant qu'on ne l’interpèlle une deuxième fois. Du moins, elle ou une de ses camarades de classe. Elle ouvrit la porte le regard méfiant. Quand elle vit Leah, elle n'hésita pas à dévoiler l'intérieur. Les cheveux en pétard suite à sa sieste, elle avait encore l'esprit ailleurs, quitte à oublier son bras caché...
-Ha, bonjour, que venez-vous faire ici ?