Silence. Il pleuvait. Quelle poisse. La pluie qui s'écrasait sur les vitres de la fenêtre l'angoissait. Leah s'imaginait l'eau entrer, la toucher, la submerger. Elle frissonna, dégoûtée. Quelle horreur, quelle horrible invention qu'est la pluie. Elle voulait combattre cette phobie mais n'y pouvait rien. Elle se promettait chaque fois qu'elle voyait une averse, qu'elle y arriverait. Mais intérieurement, elle savait que jamais elle ne se débarrasserait de ce mal. Elle ferma les rideaux, trop effrayée par les gouttes qui s'écrasaient près d'elle. Elle s'assit sur son lit, sans même allumer la lumière. Il faisait sombre, mais elle s'en fichait. Elle regardait l'heure sur son portable: 14h36. Elle leva la tête, observa sa chambre. Elle était petite mais lui convenait. Elle avait fait un caprice au directeur pour avoir une chambre unique mais elle ne l'avait pas obtenue. Cependant, elle avait eu cette chambre, pour deux, qu'elle espérait garder pour elle-seule. Elle ne voulait pas être dérangée dans sa vie privée.

Sa chambre contenait deux lits: le sien, dans lequel elle n'avait passé que quelques nuits depuis son arrivée -lit parfaitement propre-, et celui de sa future coturne, qu'elle avait recouvert de ses vêtements, comme si celui-ci lui appartenait. Elle n'arrivait pas à se décider. Elle ne savait pas quoi mettre pour le reste de l'après-midi. Surtout qu'il pleuvait. Elle se frappa le front, hésitante. Quelle robe mettre pour aujourd'hui? Elle se leva, fit quelques pas. Pff.

Leah fixa son violoncelle, posé sur un socle en ébène. Elle tendit la main pour en jouer mais finalement ferma le poing. Pas maintenant. Elle revint vers ses magnifiques robes. Au hasard, elle en désigna une. Elle la prit et la scruta, la retournant maintes fois. Longtemps, en silence. Avec le seul bruit de la pluie.

Yume venait de monter les deux escaliers menant au troisième étage de l'aile droite. Le troisième étage de cette aile n'était strictement réservé aux femmes aucun homme ne pouvait y entrer. Cela rassura Yume : même si elle pensait pouvoir vivre auprès des hommes désormais, elle pensait quand même qu'il lui faudrait un temps pour s'habituer. Il ne faudrait pas que l'incident avec le pauvre Kenta se renouvèle.

Elle examina, depuis le haut des escaliers, le couloir. Il était très bien décoré, sans trop de meubles mais pas non plus vide. Après ce bref examen, Yume s'engagea dans ce couloir et regardant les numéros des portes et les noms des habitantes des chambres. Elle ne connaissait pas le numéro de sa chambre mais le nom de sa colocataire oui. Cette dernière s'appelait Kancel Leah lui semblait-il. Elle s’arrêta donc devant la porte où ce nom était inscrit et pensa : Je dois frapper ou entrer directement ? Yume se dit que comme cette chambre était la sienne elle n'était pas obligée de frapper mais décida quand même de frapper avant d'entrer juste par pure politesse.

Quand elle entra la chambre était dans la pénombre, quelqu'un avait tiré les rideaux. C'était étrange car il était qu'environ 14H40 et à cette heure-là on laissait généralement les rideaux ouverts pour avoir de la lumière surtout quand il pleut comme aujourd'hui. À cette pensée Yume remarqua qu'elle était mouillée, elle n'avait effectivement pas réussi à se remettre à l'abri avant l'averse. Mais cela ne l'a gêné pas, la pluie ne lui faisait rien. Après quelques pas dans l'entrée de la chambre, elle vit une magnifique fille postée devant un des deux lits de la chambre. Ce lit était couvert de robes qui avait dû couter extrêmement chères, l'autre était un lit propre et sans affaire dessus. Mais ce qui attira le plus Yume c'était la jeune fille elle-même. Cette dernière était déjà vêtue d'une très belle robe mais semblait vouloir en changer, elle avait un visage et un corps de mannequin pour Yume. Il y avait donc pour l'instant deux poupées en porcelaine dans le pensionnat, et Yume pria pour que ce soit les seules.

Comme la colocataire -encore anonyme- ne semblait pas avoir remarqué Yume, celle-ci engagea la conversation :

- Bonjour, je suis Shiro Yume. Je suis ta nouvelle colocataire, ravie de faire ta connaissance. Lequel des deux lits est le mien?

Yume sourit alors avec toutes ses dents, et ajouta:

- Et enfaite-j'adore tes robes, elles sont magnifiques.

Leah tourna doucement la tête vers la personne qui venait d'entrer. Elle ne comprit pas tout de suite ce qu'elle faisait dans sa chambre, jusqu'à ce que les explications viennent. Cette fille, du nom de Yume, prétendait être sa coturne. Leah l'observa un long moment, le temps d'examiner cette jeune fille, probablement plus jeune. Convenablement habillée, elle présentait une splendide robe rose, style qu'appréciait la jeune Kancel. Cependant, elle était trempée, ce qui signifiait qu'elle venait d'arriver.

Elle reprit ses esprits: cette chambre devait être uniquement la sienne. S'était-elle trompée de chambre alors? Elle ne devait pas avoir de colocataire normalement. Ce n'était pas que cette nouvelle lui ait déplu, mais il était hors de question qu'elle partage sa vie privée. Elle allait la prendre pour une folle, même si c'était une réalité qu'elle niait. Elle ne voulait pas montrer son jour faible.

-Tu as dû, Yume, te tromper de chambre, car je suis dans le regret de t'informer qu'aucun de ces deux lits ne t'appartient étant donné que je dois être seule dans cette chambre.

Elle ne prêta plus attention à la jeune fille qui se tenait à l'entrée, de nouveau focalisée sur le choix de ses robes. Cependant le compliment que fit Yume rattrapa un peu les choses. Leah fut contente de voir que ses robes plaisaient. Elle réfléchit un instant, se demandant s'il était nécessaire d'envoyer balader quelqu'un qui avait l'air sympathique.

-Mais... se reprit-elle, peut-être que mon vœu n'a pas été pris en compte et que cette chambre, en effet, t'appartient aussi. Ce serait surprenant. Enfin! Plus rien ne m'étonne dans ce pensionnat!

Elle marqua une pause, se rapprocha de la nouvelle.

-Enchantée, je suis Leah Kancel, de la lignée Kancel de Silfton.

Tout d'abord Yume ne compris pas pourquoi sa nouvelle colocataire, Leah, niait le fait que cette chambre était aussi bien la sienne et celle de Yume. Pourtant C'était bien le nom de Kancel Leah qu'on lui avait indiqué pour le nom de sa colocataire et c'était ce même nom qui était inscrit sur la porte. Alors pourquoi cette fille ne lui disait pas lequel de ses deux lits, qui servait apparemment déjà, était le sien ?

Yume commença alors à se mettre en colère quand Leah, à nouveau absorbée par ces robes, se ravisa et se présenta. Son nom était donc bien Kancel Leah, mais ce n’était pas un simple nom banal: c'était le nom de la lignée Kancel de Silfton. C'était surement un nom de nobles d'un pays européen surement .Mais peu importait, maintenant Yume comprenait pourquoi et comment se faisait-il que Leah possède autant de robes élégantes et somptueuses. Même Yume n'arrivait pas à en trouver des aussi beaux biens qu'elle cherche beaucoup mais elle possédait quand même de jolies robes.

Ne sachant toujours pas quel lit était le sien, elle décida de poser son manteau sur une des chaises de la pièce et montra comme ça à sa colocataire qu'elle aussi avait de bon goût sans pour autant faire sa fière. Et elle se plaça à côté de Leah et lui demanda avec un grand sourire:

- On dirait que tu as du mal à choisir une robe, veux-tu que je t'aide?

Puis ajouta :

- Et tu pourras me dire où as-tu trouvé toutes ses robes? J'en ai cherché des comme ça partout sans trouver.

Leah resta sur ses gardes, ne lui adressant aucun signe d'affection. Qui était cette fille pour oser lui proposer son aide? Elle secoua la tête. Elle ne devait pas savoir mieux qu'elle choisir une robe! Qu'importe. Il fallait qu'elle lui libère son lit.

-Non, ça ira, je n'ai pas besoin d'aide. Et voici ton côté de la chambre.

Elle commença à ranger ses affaires qui étaient étalées sur le lit de sa coturne. Robe après robe, lentement, comme pour lui exposer son armoire complète, elle les plia et les mit dans le placard placé plus loin.

-Tu ne trouveras jamais de telles robes, elles sont fabriquées sur demande. Cependant, je peux t'indiquer le nom du couturier. Et si cela te convient, tu n'as qu'à choisir une des robes que je possède en gage de rencontre. Si nous partageons cette chambre, il vaut mieux bien nous entendre...

Elle lui sourit légèrement, pensant que c'était nécessaire de paraitre moins froide. Une fois qu'elle eut fini son rangement, elle prit au hasard une robe pour la porter le reste de la journée, l'observa et ferma le placard. C'est là qu'elle s'aperçut du problème: elle partageait cette chambre, donc elle devait s'habiller et se déshabiller devant cette fille. A moins d'aller dans la salle de bain COMMUNE au bout du couloir. Elle soupira, réfléchissant à la meilleure des solutions.

On aurait dit que Yume avait froissé sa nouvelle colocataire. Elle se remémora ce qu'elle avait dit et ne trouva rien qui puisse être offensent, elle lui avait juste proposé aimablement de l'aide. Peut-être que cette fameuse Leah n'aimait pas qu'on lui propose de l'aide. Si c'était le cas, cela devait être pour ne pas montrer ses défauts, ou juste parce qu'elle n'aimait pas ça, ou encore parce qu'elle pensait juste ne pas en avoir besoin . Soit ! Maintenant, Yume retiendrait qu'il ne faudrait pas lui proposer de l'aide, juste attendre qu'elle lui demande de l'aide... Si cela arrive un jour.

Yume regarda Leah rangeait ses robes avec une lenteur équivoque, Yume savait désormais, sans que sa colocataire lui dise, où se trouvait son armoire, elle entrepris à défaire ses valises sur son lit pour les ranger dans l'armoire qui lui appartenait désormais. Alors qu'elle était en train de ranger sa robe préférée : composée d'un corset rose et d'un jupon noir; Leah répondit à la question de Yume. Elle avait donc acheté ses sublimes robes sur demande ! Yume halluciné! Acheter sur demande coûter excessivement chère, surtout pour des robes comme ça! Alors ce pensionnat était vraiment un pensionnat de bourges? Yume se sentit alors mal de n'être qu'une roturière. Mais ce malaise disparut dès que Leah lui proposa de lui offrir une robe. C'était génial ! Elle allait enfin posséder quelque chose qu'elle n'avait pas créé, car en effet tous les vêtements de Yume avaient été dessiner et cousu par elle-même, et elle en était fière. Mais là, c'était encore mieux, une robe gratuite! Puis soudain elle se rendit compte de son erreur. Elle ne pouvait pas accepter cette proposition, elle pourrait très bien, malencontreusement, choisir la robe préférée de Leah, et elle ne le voulait pas. De plus ce n'était pas les robé qui lui manquait. Elle préféra donc décliner l'offre de Leah.

Quand elle se retourna, pour le dire à Leah, Yume la vit devant son armoire une robe -certainement la robe qu'elle avait choisi de mettre pour le reste de la journée- en train de réfléchir. Yume se demanda alors à quoi pouvait bien réfléchir la jeune fille. Et elle se demanda si ce n'était pas à cause des inconvénients de la colocation que Leah était perturbée. En effet la colocation a un problème majeur: la nudité! Parce que si on voulait se changer, on était obligé de le faire devant l'autre. Et cela dérangeait tout de se dénuder devant un étranger. Or en ce moment même, elle était une étrangère aux yeux de Leah. Elle lui dit donc:

-Je te remercie de vouloir m'offrir une robe. Mais je préfère décliner ton offrir, je préfère acquérir quelque chose par moi-même bien que je sois très contente que tu m’aies fait cette proposition. De plus, je pense que même sans cette robe, on pourra bien s'entendre. Sur ce, je me rends dans la salle de bain. Si j'ai bien compris elle se situe au fond du couloir? Comme ça je vais pouvoir me décrasser de mon voyage dans l'avion entre la France et le Japon. Et je ne vais pas revenir après, je vais visiter les bâtiments pour me familiariser avec eux. À tout à l'heure

Elle prit sa trousse de toilette, sa robe préférée et se dirigea vers la sortie. Elle était fière d'elle, elle pensait avoir aidé -sans le montrer et si elle l'avait vraiment aidé- Leah dans son dilemme- si c'était le vrai-.

En même temps qu'elle, la jeune Yume défit ses affaires pour les déposer dans son armoire. Apparemment, elle était bien partie pour partager sa chambre avec elle. Ce qui l'enchantait guère, mais elle n'avait plus le choix. Elle avait accepté. Elle pouvait toujours aller réclamer une autre chambre à la directrice, mais cela aurait fait mauvaise impression. Elle n'était plus à ça près mais bon. Elle soupira, légèrement agacée par une de ses robes qui refusait de se plier correctement.

Elle observa sa coturne avec attention, en même temps qu'elle rangeait ses beaux vêtements. De quelle lignée était cette fille déjà? La lignée Shiro...? Elle ne connaissait pas. Bon, après tout, elle ne connaissait pas toutes les lignées du monde entier. Elle n'était au Japon que depuis peu, et cela devait se remarquer dans son accent, même si elle maitrisait parfaitement cette langue (les coups de son père la lui avait fait rentrer dans la tête à vie).

Leah se demanda si la famille Shiro était une grande famille ou non. Après tout, Yume était bien habillée, polie, alors cela lui laissait le bénéfice du doute. Cependant, elle ne paraissait pas très hautaine pour une aristocrate si c'était le cas. Les aristocrates du Japon étaient-ils moins prétencieux?

Lorsque Yume refusa son affre, Leah fut surprise, mais s'en ficha. Cela voulait sûrement dire que la fille avait largement les moyens de s'acheter l'équivalent.

Yume se dirigea vers la porte, des vêtements à la main, ainsi que sa trousse de toilette. Elle devait partir prendre une douche. Leah se rappela d'ailleurs qu'elle n'en avait pris qu'une seule dans la journée. Cela n'allait pas du tout. Mais ces douches communes l'embêtaient. Franchement, elle aurait dû exiger une salle de bain personnelle. Même si celle-ci n'aurait plus été personnelle avec Yume partageant sa chambre.

Elle ne fit rien, la laissant partir. Ainsi le problème pour mettre sa robe était réglé. Elle finit par se dire que la cohabitation serait peut-être moins grave que prévu avec elle. Puis si Yume était trop gênante, elle ne ferait qu'une bouchée d'elle... Elle la regarda. Cette fille lui paraissait bien, elle savait qu'elle n'aurait pas de soucis. Yume disait vrai, même sans cette robe, elle s'entendrait peut-être avec elle.

Elle se rappela les paroles du Roi et de la Reine. Comme quoi, ici, elle n'était plus une fille d'une grande lignée mais une simple élève. Elle grimaça, encore dégoûtée par ces dires. C'était tout de même n'importe quoi. Elle était sûrement la plus haute placée de tout le pensionnat et on la réduisait au rang de gamine sans valeur, en dessous de cette PUNK qui se croyait tout permis.

-Dis moi, par qui as-tu été accueillie ici?

Alors qu'elle allait franchir la porte pour se rendre dans la salle de bain commune, Yume fut interpelée par Leah. Elle lui demandait par qui elle avait été accueilli. Après quelques minutes de réflexion, Yume se rendit compte qu'elle n'avait pas eu un accueil normal, lui semblait-il. Elle avait d'abord agressé un nouveau, Kenta, comme elle car il lui avait tendu la main; puis une poupée, Ruby, l'avait, pour ainsi dire, secouru du danger que représentaient les hommes pour Yume - bien que Kenta n'eût pas l'air finalement très méchant -, ensuite Ruby avait fait visiter les lieux à Yume. Enfin elle avait rencontré la directrice qui lui avait indiqué qui était sa colocataire. Et c'était tout.
Yume entrepris donc de tout lui raconter, même si Leah devrait la prendre pour une folle:

- Personne ne m'a vraiment accueilli. J'ai juste rencontré un autre nouveau dans le parc- que j'ai un peu agressé-, puis une jeune fille qui s'appelle Ruby il me semble m'a fait visiter les lieux, après m'avoir empêché d'envoyer du spray au poivre au jeune homme. Et enfin la directrice m'a dit que tu étais ma colocataire, donc je suis venue ici et je n'ai rencontré personne d'autre.

Yume réfléchit un instant. Il lui avait semblé que les couloirs étaient bien vides aujourd'hui. Est-ce à cause du mauvais temps que tout le monde restait dans sa chambre? Mais cela n'avait pas de sens, même au rez-de-chaussée il n'y avait personne, que se passait-il. Elle demande donc :

- J'aurais dû rencontrer quelqu'un en particulier? Si c'est le cas je n'ai vu personne: tout était vide!

Leah écouta attentivement Yume, levant un sourcil lorsque celle-ci en vain au passage du spray à poivre. Cette fille avait-elle un problème avec les garçons? Ou bien ce "nouveau" l'avait-il agressée? Elle passa sa main dans ses cheveux, intriguée.

-Tu te balades toujours avec ce genre d'arme? Remarque, ça peut être efficace si la personne est allergique... dit-elle avec une touche d'ironie.

Elle sourit pour adoucir ses propos. Leah fit quelques pas dans la chambre, peu intéressée par la réponse. Elle regarda par la fenêtre. Encore cette foutue pluie. Elle frissonna et referma les rideaux immédiatement. Que penser de cette fille? Elle l'observa de haut en bas comme elle savait si bien le faire.

Elle resta silencieuse, puis elle se rappela que Yume avait prononcé le nom de Ruby. Ruby, n'était-ce par la jeune fille, assez petite, qu'elle avait vue l'autre jour dans la salle de classe en train de jouer du violon? Ruby, la poupée favorite du pensionnat.

-Je connais Ruby, je l'ai rencontrée récemment, finit-elle par dire, brisant le froid qu'elle avait instauré.

Leah s'avança vers Yume, lorsque celle-ci lui posa une question.

-Tu aurais dû rencontrer le fameux Roi et sa Reine, ma chère. Mais c'est mieux ainsi.

Leah soupira, encore dégoûtée de la façon dont elle avait été traitée.

Quelle fille bizarre

C'était le pensée qui était venue à Yume au cour de la conversation. Car sa colocataire était froide, très froide. Mais a certain moment elle essayait d'être amicale ou du moins être plus aimable. Cela la rendait très lunatique. En plus elle s'était moquée d'elle puis avait sourit comme de rien n'était surement pour sa rattraper. Mais ça n'avait pas vraiment marchait car elle avait mis un froid entre elles. Yume attendit qu'elle parle pour parler elle même. Et au bout d'une moment, elle l'informa qu'elle connaissait Ruby. Puis lorsqu’elle commença à s'avancer vers elle Yume lui posa une question à laquelle Leah lui répondit presque aussi.

Yume aurait donc du rencontrer deux personnes : Une roi et une reine ?! Mais c'était quoi cette histoire de roi et reine ? Cela n'existait presque plus ! et ça ne devrait certainement pas exister dans un pensionnat ! Et ils servaient à quoi ? Yume se rendis compte qu'elle ne connaissait presque rien de l'histoire de sa nouvelle maison, et elle connaissait encore moins ces coutumes. Elle trouvait que quelque chose cloché un peu dans ce lycée, mais bon il ne devait quand même pas être si mal que ça puisque son médecin l'avait envoyé dedans.

- le roi et la reine Qui sont-ils ? demanda-t-elle. Et à quoi servent-ils? Je trouve cela bizarre que dans un lycée il y ai une monarchie... Surtout que le passage du pouvoir ne doit absolument pas ressembler à celui d'une vrai monarchie , Je me trompe? Tu pourrais m'expliquer cela, s'il te plait.

Elle rajouta ensuite d'un voix aimable mais avec une once d'agacement

- Et enfaite le spray au poivre ne marche pas seulement avec les personnes allergiques au poivre.

Spoiler:

Leah sourit, toute contente de perturber sa nouvelle colocataire. Yume ne savait rien? Eh bien tant mieux. Elle allait lui expliquer à sa manière les choses. Du moins ce qu'elle savait.

Elle s'interposa entre la sortie de la chambre et la jeune fille. Avec son dos, elle s'appuya contre la porte pour la fermer. Il y eut un "clac" sous son poids. Leah releva la tête, un sourire toujours en coin.

-Laisse-moi t'expliquer... dit-elle d'une voix si basse que c'en était presque effrayant.

Elle écarta Yume de son bras, sans excuse puis commença son récit.

-Vois-tu, ici, les choses sont bien différentes que dans les autres pensionnats. Il y a une famille royale, à qui on doit obéissance, soumission et respect. Mais pas une famille royale dans le sens où tu pourrais l'entendre (d'ailleurs la Reine est punk pour te dire l'absurdité!). Pour le moment il n'y a que le Roi et la Reine, plus tard seront élus, à ce que j'ai compris: un Prince, une Princesse, et un régent, il me semble.

Leah s'arrêta pour voir si Yume suivait, puis finalement poursuivit.

-Accéder au trône, j'en ai aucune idée. Reste que détrôner la folle dingue au pouvoir sera difficile. La Roi n'est pas méchant, il est charmant même. Il se nomme Shin. La Reine, c'est Emily, une certaine Emily Stranger. Facilement reconnaissable.

Elle marqua une autre pause. Elle se demanda si Yume accepterait cette forme de pouvoir dans le pensionnat. Bon, d'un autre côté, elle n'avait pas le choix.

-Ici, il faut faire attention à ce que l'on dit. Tout revient à leurs oreilles. Tu pourras toujours aller dire à Stranger que je l'ai insultée, c'est avec moi que tu auras des soucis par la suite... la menaça Leah, puis reprenant plus calmement... Cette monarchie m'est encore assez sombre, je n'en sais pas grand chose. Juste que certains élèves sont pour, d'autres contre. Je suis neutre. Mais contre la Reine.

Leah, surprise par le changement de comportement soudain de sa coturne, sourit avec malice. Une petite rebelle, elle? C'était plus drôle qu'autre chose en fait. Elle l'avait poussée, certes, elle l'avait aussi menacée, c'était vrai aussi. Il fallait bien qu'elle impose sa loi.

-Si je te menace, tu vas sortir ton spray à poivre? lança Leah avec un rire exaspérant. Ridicule.

Elle soupira, déjà fatiguée de converser avec quelqu'un qui n'allait pas dans son sens. Elle? Une aristocrate sans dignité? Elle rêvait, cette fille allait partager la même chambre avec elle toute l'année... Quelle poisse si elle se comportait ainsi.

-Il va falloir t'y faire, Yume. Je ne changerai pas pour toi, dit-elle.

Alors cette dernière osa lui poser une question. Elle s'énervait puis redevenait normale? Aucune cohérence. Non, franchement, cette fille commençait à l'agacer.

-Tu n'as qu'à aller à sa rencontre. Moi, j'ai à faire.

Leah reprit la robe qu'elle avait choisie au début et la contempla de nouveau. Elle réfléchit, se disant que c'était inutile de ne pas s'entendre avec sa coturne puisqu'elle allait cohabitait ensemble. Elle baissa la tête. Leah sentait qu'elle était en train de se faire une nouvelle ennemie... Et elle se plaignait de la solitude alors que c'était elle qui la provoquait. Elle fit un effort, déposant sa robe sur le lit.

-Yume, je suis désolée de t'avoir bousculée, et menacée, murmura-t-elle sans la regarder en face.

"Tu fais des progrès, c'est bien de t'excuser" entendit-elle. Elle secoua la tête, n'osant pas se retourner, de peur de voir de nouveau l'hallucination. Il fallait qu'elle fasse mine de rien. Elle était seule à avoir entendue cela. Car cela venait de sa tête.

Elle se moquait encore d'elle. Yume était déjà suffisamment énervée et elle en remettait une couche. C'était vraiment une petite bourge qui pensait que tout le monde était à ses pieds et qui pensait en plus qu'elle n'avait aucun compte à rendre au autre. Yume n'appréciait pas spécialement les personnes comme ça, surtout quand elles étaient mal polie. Elle se rendit alors compte que Leah ne devait surement pas appartenir à l'aristocratie, c'était évident car l'aristocratie est, en principe, fondée sur le mérite, l'éducation, or elle n'appartenait certainement pas à l’aristocratie à proprement parler. C'était une petite noble, une descendante d'un aristocrate mais elle ne mérite pas le terme "d'aristocrate", c'était trop élogieux à son encontre.

Alors qu'elle réfléchissait encore à la classe sociale de sa colocataire, cette dernière lui lança une réplique qui signifiée pour Yume qu'elle n'avait plus rien à se dire et qu'elle n'avait pas l'intention de l'aider à rencontrer cette Stranger. Yume fulmina alors. Se faire congédier comme ça n'était pas très agréable, ou plutôt pas du tout agréable. Yume serra le poings, elle se demanda comment ferait elle pour supporter une colocataire comme ça, ne devrait-elle pas demander à changer de chambre? Peut-être. Mais pour pouvoir changer de chambre, il faudrait qu'elle ait de bons arguments auprès de la directrice. Elle pensa que incompatibilité des caractères ne serait pas un argument très persuasif, elle se dit alors que l'allergie en serait un bon. Elle regarda alors dans la chambre pour trouver quelque chose qui pourrait engendrer une allergie. Elle remarque alors les rideaux fermés, une idée lui viens à l'esprit. Si Leah avait fermé les rideaux s'était peut-être qu'elle n'aimait pas la lumière du jour , même si cette dernière n'était pas très forte aujourd'hui vu le temps. Elle n'avait donc qu'à dire qu'elle était claustrophobe !

Alors qu'elle se préparait à sortir de la chambre pour aller voir la directrice et lui demander de changer de chambre, Leah s'excusa. Yume s'arrêta en plein élan, elle se retourna lentement vers Leah qui avait le dos tourné. Elle hallucinait non? Leah, la petit noble très fière d'elle même, imbu de sa personne, s'excusait ! Elle s'était vraiment excusé. Yume pensa que sa devait être très dur pour une personne comme elle. Heureusement qu'elle ne savait pas qu'elle demandait pardon à une simple roturière, car sinon sa fierté en prendrait un coup! Mais ses excuses eurent le don d'apaiser Yume . Elle se demanda pas si elle ne s'était pas énervée trop vite. C'est vrai qu'elle ne savait pas trop comment réagir avec les autres et qu'elle était sur une défensive assez offensive. Elle voulu alors à son tour s'excuser:

- Je m'excuse aussi, je me suis trop vite emportée. je n'aurais pas dût te parler ainsi, surtout qu'on va vivre dans la même pièce pendant un bout de temps. Elle rajouta avec un petit sourire sur le ton de la rigolade pour essayer de montrer qu'elle voulait clore cette petite bataille, et je n'aurais jamais utilisé mon spray contre toi car il est réservé aux hommes.

Leah ne sourit pas, encore perturbée par son hallucination. Mais elle fit comprendre à son interlocutrice qu'elle acceptait ses excuses en s'inclinant légèrement, signe de respect et d'entente. Puis, elle tourna la tête vers son instrument. Elle réfléchit quelques instants. Elle n'était plus du tout de bonne humeur, plus du tout d'humeur joueuse et irritante. Le besoin de s'évader se fit de plus en plus grand. Leah lâcha sa robe sur son lit, avec lassitude. Elle attrapa son violoncelle puis son archet, posé sur sa table de nuit. Elle ne pensait même plus à se changer, seulement à jouer. Elle souffla un coup, se retourna vers Yume.

-Tu ne vas pas prendre ta douche?

Leah s'assit sur son lit, positionna son instrument entre ses jambes. Elle leva l'archet, ne fit rien pendant un moment qui lui sembla une éternité. Que jouer? Que faire? Et puis, Yume était là... Jouer devant elle? Appréciait-elle la musique classique? Qu'importe, il fallait qu'elle en joue, que cela lui plaise ou non, du moins maintenant. Et puis, de toute façon, Yume s'en allait prendre sa douche. Pour les prochaines fois, elle la laisserait si elle le demandait.

-J'espère que tu aimes le violoncelle, je risque d'en jouer souvent. Si cela te déplait, j'irai jouer autre part, ne t'en fais pas.

Leah regarda sa colocataire puis son archet.

Juste un hochement de tête de dos et pas un sourire ou un "d'accord". Bon Yume se dit que c'était déjà ça, elles seraient en assez bon terme pour le moment et ce moment pourrait peut-être s'allonger dans le temps si les deux colocataires faisaient toutes les deux des efforts chacune de son côté. Donc Yume ne releva pas le manque de politesse de Leah.

Un mouvement de Leah attira le regard de Yume vers un violoncelle lui semblait-il. Elle ne connaissait pas grand chose des instruments de musique, surtout sur les instruments de musique classique. Le seul instrument qu'elle connaissait vraiment était le piano. Elle avait toujours rêvé d'en posséder un mais elle avait toujours était trop pauvre pour cela, elle n'avait même pas pus se payer des cours- de toute façon elle n'aurais pas eu le temps d'y aller. Sa colocataire lui rappela qu'elle avait eu l'intention de prendre un bain. Yume murmura donc un "si" et repris le chemin vers les douche mais fus encore interrompu par Leah qui l'informa qu'elle allait souvent jouer du violoncelle.

- Ne t'inquiète pas, cela ne me gêne absolument pas que tu joues du violoncelle quand je suis là. Enfaite, je n'ai jamais entendu quelqu'un jouer du violoncelle donc ça serait un plaisir de d'entendre jouer. Elle réfléchit quelques secondes en regardant alternativement sa colocataire et l'instrument de cette dernière puis repris, Euh tu sais où il y aurait un piano ici? J'ai toujours voulu apprendre à en jouer depuis que je suis petite mais je n'ai pas pus.

Elle lui lança un sourire et regarda une nouvelle fois cet instrument majestueux.

-Si tu veux m'entendre, je t'en prie, tu es la bienvenue. Ta douche va attendre alors? murmura Leah en souriant, contente de voir qu'elle semblait intéressée par le bel instrument.

Yume fit alors allusion au piano.Leah ne put s'empêcher de sourire. Le piano était son deuxième instrument préféré. Elle jouait du piano depuis toute petite, et avait même passé certains concours, qu'elle avait gagnés. Leah avait un talent musical qu'il était impossible de nier, ou de démentir. Ce don lui venait de sa mère, qui elle-même avait fait partie d'un orchestre. Elle avait fait le tour du monde, passant par Londres, Paris, Berlin, LA, New York, pour y montrer sa musique. Dans le domaine classique, sa mère était connue. Et leah voulait en faire autant. Elle ne faisait pas cela pour son père, même si il l'y obligeait sous peine de la frapper si elle refusait. Elle en faisait pour le simple lien qu'elle réussissait à tisser entre les sons, leur langage et elle. C'est ce lien qu'elle souhaitait faire connaitre à ceux qui aiment la musique digne de ce nom. La musique qui ne s'éteindrait jamais.

Quelle bonne idée venait à l'esprit de la jeune fille! D'un coup, la joie l'emplit. Une lueur d'espoir de pouvoir partager son monde musical avec quelqu'un monta en elle. Elle n'hésita pas à lui montrer son enthousiasme et dit d'un air enjoué.

-Je ferai venir mon piano personnel et je l'installerai quelque part! Ainsi je pourrai t'apprendre! Je suis sûre qu'à partir de cette passion commune, nous pourrons réellement nous entendre.

Tout d'un coup, elle porta un intérêt à cette fille, qui semblait plus gentille que prévu. Elle décida de lui laisser une chance, et de ne pas gâcher celle que Yume semblait lui donner. Après tout, elle n'avait aucune raison de se détester. Leah pouvait bien initier cette jeune demoiselle à l'aristocratie et la noblesse actuelle. Ou si cela n'était pas utile, simplement commencer une amitié, et faire des efforts par rapport à elle.

Quand Leah lui proposa de l'entendre jouer de son fabuleux instrument, Yume ne se fit pas prier. La douche complètement oublié, elle posa ses affaires de toilettes sur son lit puis s'assit en face de sa colocataire prête à l'entendre jouer et à s'abandonner dans les sons de ce violoncelle.

- Oui la douche va attendre, répondit-elle avec un immense sourire.

Elle pensa que la musique pouvait toutes les deux les lier. la musique avait ce pouvoir, elle était magique surtout pour les personnes pouvant la comprendre. Car la musique était un miroir des sentiments du musicien,on pouvait donc savoir en écoutant la musique que créait ou simplement jouait de dernier si il était triste, heureux, fatigué ou encore plein d'autre chose. Yume était donc au anges car elle faisait partie de ces personnes. Elle fut encore plus heureuse quand Leah lui proposa de lui apprendre à jouer du piano, et elle fut ébahi de savoir qu'elle en possédait un! Mais ce n'est pourtant pas si étonnant que cela car Leah était riche. Yume répondit donc d'un air aussi enjouée que sa colocataire:

- Ça serait génial! J'ai vraiment hâte que tu m'apprennes à jouer du piano.

Elle le regarda et se dit que sous la froideur de Leah se cachait quelqu'un de gentil. Yume se sentit soulagée, elles pourraient finalement bien s'entendre et commencer une amitié. Elle décida donc d'importuner le moins possible sa colocataire. Elle espérait réellement qu'un lien se tisse entre elles. Elle regarda une nouvelle fois l'instrument puis regarda Leah et attendit qu'elle commence à manier son instrument et que les notes retentissent dans la pièce.

Leah, satisfaite de la réponse de Yume, hocha la tête, l'air content. Un refus l'aurait véritablement vexée, mais son comportement aurait pu en mériter un, elle le savait bien. Elle était consciente du manque de tact qu'elle avait. Leah réfléchit un instant, se demandant quelle musique lui jouer. Elle choisit l'intrumentale de Kanon Wakashima, étant donné qu'elle était au Japon. Elle mit en route ses enceintes, lança un CD. Puis, elle se rassit et lui expliqua:

-C'est pour l'accompagnement musical. Avec les autres instruments ça fait mieux. Mais ensuite, je te jouerai une autre partition, sans rien. Tu verras comment je joue réellement. Car là, tu risques de ne pas distinguer le violoncelle, à moins que tu aies l'oreille fine.

Elle releva son bras, de sorte à poser son archet correctement sur le violoncelle. Sa main gauche se posa douchement sur les fils. Elle ferma les yeux un instant. Il n'y avait aucun public pour elle.

-Je te préviens, celle-ci n'est pas de style classique. C'est un de mes petits caprices personnels. Mon père n'aime pas ça, mais je m'en fiche, il n'est pas là.

Un son, lent, puissant, simple. Qui marquait le silence de son emprunte musicale. Elle lança l'accompagnement. Puis, elle se mit véritablement à jouer, s'enfermant dans sa bulle. Elle commença, rapidement, car la musique se jouait extrêmement vite. Elle ouvrit les yeux, sourit à Yume, la fixa dans les yeux. Puis, elle se concentra. C'était une musique relativement dure à jouer même si elle n'en avait pas forcément l'air. Il ne fallait pas être en retard, ni rater le pont, ainsi que l'accélération.


Leah finit enfin, essouflée d'avoir joué si vite. Elle éteignit le lecteur CD.

-J'aime beaucoup cette musique. Elle me parait mélancolique mais en même temps, on sent une touche d'espoir... Si tu en veux une autre. J'aimerais te faire écouter Bach... Ma préférée. Mais seule, sans rien.

Yume se concentra, elle voulait absolument reconnaître le son du violoncelle, mais elle ne pensa pas en être capable, car ,comme l'avait dit Leah, il fallait avoir l'oreille musicale. Mais n'ayant jamais écoutée de la musique de sa vie, elle ne l'avait surement pas. Elle fut un peu interrompu dans sa concentration car Leah évoqua son , mais cette évocation était bizarre car elle ne semblait pas apprécier son père car elle se fichait de ce qu'il pensait. Elle se concentra à nouveau après ce petit moment de réflexion, il n'était pas nécessaire de s'interroger sur les liens entre Leah et son père car si cette dernière souhaitait que Yume les connaissaient elle lui dirait d'elle même, donc pas besoin de s'occuper de cela pour le moment.

Leah démarra l'accompagnement et se mit à jouer. Juste en écoutant Yume se dit que cela devait être simple, mais en observant les mains de Leah elle se dit tout le contraire. Le plus impressionnant ce fut quand Leah, dont le regard avait croisé pendant un court moment celui de Yume, ferma les yeux qu'elle fut éblouit par le talent de sa colocataire. Elle ferma alors à son tour ses yeux pour apprécier la musique, cette dernière l'emporta petit à petit dans un ouragan d'émotion, de la mélancolie et de la joie ou plutôt l'envie de vivre et l’espoir. C'était juste merveilleux. Yume souriait puis avait les lares aux yeux, elle se dit que Leah était bourrée de talent, que c'était une virtuose.

Tout d'un coup la musique s'arrêta, la mélodie était finit. Yume garda les yeux fermait encore un instant pour savourer le moment vécu, c'était la tout première fois qu'elle entendait de la musique et elle commençait fort, pouvoir écouter une telle artiste était un miracle, une chance même! Un sourire étira ses lèvres. Elle fini par ouvrir les yeux quand Leah parla. Elle semblait un peu essoufflée mais lui proposait de lui jouer une autre mélodie d'un dénommé Bach. Yume lui adressa un immense sourire.

- Ça serait avec grand plaisir de t'entendre une fois encore jouer du violoncelle, tu joues merveilleusement bien, c'était fantastique, j'ai adoré. Et je suis d'accord avec toi, dans cette mélodie il y a en même temps mélancolie et espoir, c'est magique. Et peut être que sans accompagnement je pourrais peut-être mieux discerner le violoncelle, je pense l'avoir perçut, c'était le son le plus grave, non?

Elle se réinstalla plus confortablement sur son lit, le dos soutenue par le mur, prête à écouter sa colocataire pendant des heures. Avant que Leah recommence à jouer, Yume se pose une question.

- Je suis désolée mais qui est Bach? Je n'ai pas eu d'éducation musicale donc je n'ai jamais entendu de musique avant que tu me joues quelque chose, donc je ne connais pas les compositeurs.

Leah sourit. Quelle joie de voir que sa musique était tant que cela appréciée. Tous ces compliments d'un coup, celui lui faisait chaud au coeur. Elle murmura à sa colocataire, qui semblait plus qu'émue par ses sons:

-Je vais faire de toi une vraie pianiste, tu verras, et nous jouerons à deux.

Elle s'imagina en duo. Ce serait quelque chose de génial, pensa-t-elle.. Mais Leah préféra ne pas trop s'emballer. Tout pouvait arriver. Elle pouvait si vite perdre sa nouvelle connaissance. Elle pouvait si vite tout faire rater. Tout détruire. Un mot de travers comme elle en avait tant l'habitude, un geste en trop, et tout pouvait dérailler. Elle essayait juste de se sortir de cet enfer dans lequel elle vivait. Elle ne voulait plus se fermer les portes qu'on lui ouvrait si gentiement en réalité. Elle redonna un sourire à Yume et répondit à ses deux questions.

-Oui, c'était le son le plus grave, le violoncelle, le principal instrument puisque la musique repose entièrement sur lui. Et pour Bach... Eh bien... Johann Sebastian Bach, en français Jean-Sébastien Bach, est un musicien et compositeur allemand, extrêmement connu du XVIIIème siècle. Ecoute cela, tu verras ce qu'est la musique. Ecoute la parler. Ecoute les sentiments qu'avait Bach quand il l'a composée...

Elle respira à fond. Cette fois, on n'entendait qu'elle. Qu'elle et son violoncelle. Elle partit loin dans ses pensées, dans ses émotions, y puisa son énergie, la transforma en ce qu'il y avait de plus beau au monde à ses yeux: musique. La musique de Bach surtout...



Elle se sentait simplement emportée par les sons, emportée dans un autre univers, chaque fois qu'elle en jouait. Mais pour une fois, quelqu'un l'écoutait réellement. Et cela lui faisait véritablement du bien. Elle ne pensait plus à son père, à ses soucis.
Ce fut la fin de sa musique. Il y eut un léger silence. Elle revint un peu à la réalité.

-Ah, ce que ça me fait du bien. Vois-tu, il n'y a que ça, sur cette Terre, qui puisse me libérer maintenant. D'ailleurs...

Elle se souvint qu'elle devait changer de robe. Elle reposa son instrument.

-Je dois me changer. Si tu veux, vu que tu dois aller prendre ta douche, toi aussi, je t'y emmène, non?

La musique parlait vraiment, c'était magnifique. Bien que c'était la première fois qu'elle entendait de la musique, elle savait qu'elle allait adorer en écouté, surtout si c'était Leah qui jouait. Il y avait une telle intensité de sentiments indéfinissables qu'elle ne put les nommer, elle se noyait presque dans cette musique. Non, elle ne se noyait pas, elle flottait, la musique la portait. Elle avait enfin découvert quelque chose qu'elle adorait, une passion avait fleurit en son sein. Quand Leah eut fini de jouer, elle lui sourit.

- Je suis d'accord avec toi, je pense que la musique est le seul moyen de se libérer du monde extérieur. C'est presque magique.

Quand Leah lui rappela qu'elle avait au début voulu prendre une douche, Yume regarda ses affaires encore perdu dans la musique de Bach, puis se réveillant elle regarda Leah un peu choqué, elle lui avait proposé de lui montrer où était la salle de bain. c'était inattendu de sa part car bien qu'elles s'entendaient bien Yume ne s'attendait pas à ça. Mais elle en fut extrêmement heureuse.Elle lui répondit donc avec un immense sourire :

- Avec plaisir ! Et j'adore vraiment ta musique j'ai hâte qu'on puisse jouer ensemble quand je saurais jouer du piano!

Elle pris soigneusement ses affaires propres et sa trousse de toilette, puis elle se tourna vers sa colocataire qu'elle pouvait maintenant qualifier d'amie et lui sourit à nouveau.

Les compliments de Yume touchèrent énormément la jeune aristocrate. Cependant, cela ne fit qu'augmenter l'estime qu'elle avait d'elle-même. Elle savait qu'elle était virtuose, ne s'en vantait pas mais n'en était pas pour autant modeste. Elle restait complexe. Elle était née la musique dans le sang, comme si elle devait en faire son métier. D'ailleurs, c'était en partie ce que voulait le père Kancel. Il voulait une musicienne parfaite. Il avait une fille, autant qu'elle serve à quelque chose.

Leah rangea son instrument, avec comme seul remerciement à ces compliments une inclination de la tête avec un sourire. Elle posa son archet avec délicatesse sur sa table de chevet. Elle se sentit alors obligée de se laver les mains. Pour elle, même si elle le nettoyait toutes les semaines de fond en combles, son violoncelle était un objet sale, car les doigts le parcouraient. Même s'il s'agissait des siens, cela ne faisait pas d'exception. Elle sortit de sa petite sacoche accordée à sa robe un tube d'alcool nettoyant pour les mains. Parfait quand il n'y a pas de savon. Elle en proposa à Yume, pensant cela plus poli. Mais elle, n'était sûrement pas aussi maniaque. 

Leah se rappela alors qu'elle devait prendre sa douche. Elle allait accompagner Yume jusque là-bas en même temps. Ici, on pouvait se perdre. Ce serait sa deuxième douche de la journée. Elle ouvrit son placard, prenant une robe parmi toutes celles qui attendaient d'être portées. Elle en prit une en dentelle noire. Cette robe avait été offerte par sa mère autrefois. Elle l'aimait beaucoup. Sa mère avait voulue la même mais il n'y avait plus sa taille, elle l'avait donc prise pour Leah. La demoiselle Kancel la savait légèrement trop serrée car elle n'avait plus la taille qu'elle avait eu lors de cet achat, mais elle décida de la prendre quand même. Elle ne porterait pas de corset en dessous tout simplement.

Elle cherche son nécessaire de toilette, un parfum, un serviette brodée. Le tout valant des milliers de livres sterling. Leah n'avait même pas la notion de l'argent tellement elle nageait dedans. Elle pouvait se construire une piscine de pièces d'or si elle le désirait. Pour elle, l'argent, ce n'était plus que des cailloux qu'elle donnait comme ça. 

Longtemps elle observa sa robe. Soudain, elle en vit une autre, magnifique. Une robe de soie bleue, avec un ruban à la taille. Elle regarda Yume.

-Je te l'offre, Yume, dit-elle en lui tendant la belle robe. Pour l'oreille que tu m'as tendue.

Elle sourit, contente de son présent. Cette robe était une robe qu'elle s'était achetée en Chine. Elle avait voyagé en Chine avec sa mère, à l'époque où le Ciel ne la lui avait pas pris. Leah pétillait de joie, joie procuré par cette nouvelle amitié qui était en train de naître avec Yume. Elle aimait faire des cadeaux, détestait qu'on les refuse, et s'en offusquait facilement. Elle attendait une acceptation pas autre chose.

Yume pris le tube d'alcool nettoyant que lui proposait Leah, elle trouvée cela bien plus poli d'accepter et comme Leah avait poliment proposé, elle ne faisait que lui rendre sa politesse comme l'aurait fait toute personne respectueuse. Mais bien qu'elle avait accepté, elle ne trouvait aucune utilité à ce geste, elle ne comprenait pas pourquoi est-ce que Leah se lavait les mains juste avant d'aller prendre sa douche, cela ne servait strictement à rien mais Yume préféra ne pas relever. De toute façon pourquoi relever ce détail? Tout le monde possède un caractère particulier et a ses petites manies, elle même en avait une : toucher le pendentif qu'elle portait la plupart du temps , celui de sa défunte mère et son bien le plus chère et précieux, bien qu'aujourd'hui elle avait préféré ne pas le portait à cause du long trajet qu'elle avait parcouru.

Elle patientait tranquillement à coté de la porte en attendant que Leah soit prête pour aller se doucher, Yume remarqua que toutes ses affaires de toilette avaient couté chère même surement très chère car elle ne vit que des grandes marques. Elle regarda alors ses affaires à elle, il y avait son shampoing et après-shampoing préférés à la vanille que l'on pouvait trouver en supermarché, son gel douche lui aussi à la vanille que l'on trouvait aussi en supermarché, des serviettes bon marché. Elle essaya de dissimuler au mieux ses affaires miteuses comparés à celle de Leah. On voyait maintenant pleinement la différence entre les deux colocataires, une était pleine aux as, l'autre était fauchée. Heureusement que grâce à ses robes, Yume arrivée à faire croire aux personnes extérieures qu'elle était aisée. Elle soupira devant son manque d'argent et c'est à ce moment là qu'elle vit la robe que Leah tenait dans ses mains, elle était en dentelle noire, féminine et classe. Yume se dit tout de suite que cette robe était faite pour Leah car avec elle on voyait tout de suite de quel milieu elle venait, celui des aristocrates.

Leah la sortit alors de ses pensées en lui offrant une robe. Yume aurait voulu refusait mais quand elle vit la robe elle ne put le faire. La robe en question était en soie bleue avec un joli ruban bleu à la taille, pour Yume cette robe était magnifique! Elle la pris dans ses mains en acquiesça pour montrer à Leah qu'elle accepter ce présent mais elle ne réussis pas à dire "merci" tant elle avait la gorge serrée devant cette robe. Elle plaça la robe près de son corps pour voir si elle était à sa taille et il se trouvait que oui elle l'était! Un immense sourire étira ses lèvres, elle était aux anges surtout quand elle se dit que cette robe irait à merveille avec son pendentif car c'était un pendentif porte photo en argent avec au centre un diamant. Elle alla alors chercher son pendentifs dans sa valise, elle pose doucement la robe et le sortit de son coffret puis le mis à son cou. Elle pose alors directement sa main dessus somme à son habitude puis se tourna vers Leah toujours entrain de toucher son collier.

- Merci Leah, ça me fait très plaisir. Vraiment merci.

Elle lui adressa alors un immense sourire.

Le fait que Yume accepte son présent mit Leah de très bonne humeur, plus qu'elle ne l'était déjà après avoir joué du Bach. Elle observa la jeune fille vérifier si la robe lui allait.

-Tu peux toujours la mettre à ta taille chez un tailleur, j'en connais un bon. Mais à vue d'oeil, elle semble t'aller, lança Leah.

Elle sourit et se concentra sur elle et sa douche. Son envie de propreté augmentait et comme tous les jours, ce désir compulsif devait être assouvi. Elle savait évidemment que ce n'était pas tout à fait normal, mais elle n'y pouvait rien. Elle devait vivre ainsi. Elle avait espoir que ses manies disparaissent, mais elle n'y comptaient plus trop. Les années passaient, rien ne s'améliorait. C'est à peine si cela n'empirait pas. 
 
Elle se dirigea vers la porte, d'un regard, invita sa coturne à la suivre. Elle sortit de leur chambre, ses affaires en mains. Elle avait tout. Parfait, elle pouvait y aller. Elle se mit à longer le couloir. Celui-ci était assez long pour contenir toutes les chambres pour filles du pensionnat. Le sol était en vieux bois qui grinçait légèrement sous les pas de Leah. Un tapis rouge faisait toute la longueur et menait au fond, où se trouvait la salle d'eau.

La jeune adolescente regardait les murs. À mi hauteur, c'était encore du bois, au dessus une frise gravée dans du chêne. Le reste était du papier peint joliment décoré. Des tableaux ornaient le tout et quelques chandeliers européens éclairaient vaguement le couloir. 

Leah s'imaginait des tas d'histoire dans ce magnifique manoir. Le plus beau devait tout de même se trouver au Manoir avec un grand M, le bâtiment interdit. Elle rêvait d'y mettre les pieds, juste pour embêter le monde et dire "moi je suis future duchesse, j'ai tous les droits", mais aussi un peu par curiosité. Elle comptait bien s'y rendre une nuit. Après tout... Cela faisait partie du pensionnat... Elle sourit pour son plan diabolique. Ce serait drôle, pensait-elle. 

-C'est juste là, indiqua Leah en montrant la porte qui donnait sur la salle de bain commune.

Elle n'avait pas vérifié si Yume l'avait suivie, mais de toute manière, sa voix portait jusque la chambre. Elle haussa le ton au cas où. 

-Je peux te servir de guide pour le reste de la journée. Je n'ai rien à faire. Nous pourrons faire connaissance.