Le Lord se retourna vers sa fille et prit un air sévère pour lui demander des explications quant à sa non participation de ce faux carnaval. La jeune fille lança alors un regard vers Emily. Ce qu'elle en retient fut l'image d'une gamine méprisante, hautaine. Mais en plus... C'était le regard d'une malheureuse victime qui semblait être entrain d'être emmenée à l'abattoir. Et bien sûr, pour couronner le tout, ce regard l'accusait, elle, personnellement.

Éclater de rire et la planter là la démangeait atrocement. Et quoi de plus simple ? Il lui suffisait de sortir une excuse à peu près crédible, d'esquiver le père puis de tracer son chemin jusqu'à son luxueux appartement royal. Ensuite, elle pourrait à son gré s'écrouler sur son lit et maudire ceux qui avaient gâché cette journée pourtant si lumineuse. Un rêve à portée de main... Qu'est ce qui l'empêchait de le réaliser ? Ce n'était plus le désir d'aider la demoiselle puisqu'elle se rendait compte finalement que tel père... Telle fille.

Ce qui la contraignait réellement à rester était son absurde titre de Reine et l'image qu'elle devait porter. Une action de ce genre si des rumeurs tournaient à son sujet, et ce sera sans doute le cas, est d'une importance stratégique capital. Elle pouvait soit ruiner son image soit l'embellir. Et ce n'était pas de trop ces temps-ci... Le pouvoir royal devenait instable. Cela se sentait.

La jeune anglaise reporta enfin son attention sur le père. Sa fille avait sortie une excuse et il venait de faire quelque commentaire dont elle n'avait pas saisi le sens mais qui était d'une part probablement dénué de tout intérêt pour elle et d'autre part sans le moindre doute hostile à son accoutrement. Peu importe pour l'heure... Elle n'était plus à ce genre de remarque près.

Il y eu un moment de silence durant lequel la punk se concentrait pour contenir son dégoût pour ses deux accompagnants. Finalement, Leah le pressa et on apprit alors que son père ne restait qu'une heure. Mentalement, Emily exécuta son habituel danse de la joie dans ces moments là. Elle n'aurait pas à le recroiser avant un bon moment à priori. Bonne nouvelle ! Restait sa fille mais vue le soin qu'elle devait prendre pour l'éviter depuis l'incident de son arrivée, continuer ainsi lui allait parfaitement.

Et alors que les deux derrière discutaient discrètement, la Reine se stoppa devant une porte puis sortit ses clefs. Une fois avoir établi laquelle était la bonne, elle l'inséra et... Ô joie ! La liberté était si proche désormais...! La petite salle était vide. Soulagement. Elle s'avança vers le bureau et se mit à farfouiller dans les papiers le recouvrant. Et miracle, comme prévu, un feuillet d'une bonne vingtaine de pages y trônait pour clôturer son inscription à l'internat.

A ces mots, elle reposa soigneusement les feuilles sur le bureau et déposa à l'intention de son interlocuteur un stylo noir brillant malgré le peu de lumière de la pièce. S'écartant du bureau, elle lui tira quelque peu la chaise avec un grand sourire hypocrite.

Voilà. Elle lui adressa un sourire désolé et entendu. Il ne lui restait plus qu'à jeta un coup d’œil à sa montre et à faire mine d'avoir une réunion de la plus haute importance en tant que co-responsable en chef des élèves. Puis le tour était joué.