[HRP : Déjà, désolée pour le retard... Et, une fois de plus, pour comprendre ce Rp, il est fortement conseillé d'avoir lu au préalable les messages envoyés entre Ren et Emily.]


La sonnerie, enfin. L'heure de la libération a retentit ! Déjà les élèves s'empressaient de ranger leurs affaires, alors que les professeurs tentaient de donner quelques dernières instructions -sans nul doute vainement- par delà du vacarme qui siégeait dans toutes les salles de cours. Les habituelles discussions entre élèves s'élevèrent dans les couloirs et des rires éclatèrent. Nous étions vendredi. Normal que les gens soient tous autant de bonne humeur...

Salle 63. Les élèves sont déjà tous sortis. Tous ? Non, un petit village résiste encore et toujours à l'envahisseur ! Non, il y reste une jeune fille... Cheveux courts et déteint lui tombant dans la figure. Jean délavé et chemise noire ouvrant sur un débardeur d'un violet sombre. Tout ce qu'il y a de plus classique chez elle. Son corps était destiné à accueillir un pareil look. Silhouette fine, peau d'un blanc éclatant. C'est juste dommage que ces yeux bleus pâles soient assombris par tant de maquillage. Pourquoi petite ? Pourquoi te caches-tu derrière tant d'apparats ? Aurais-tu peur des Hommes ...?

La gamine rassemble lentement ses affaires, elle n'a pas l'air pressée. Elle semble penser à tout autre chose... Elle est bien loin. Sur ses lèvres, un sourire flotte, comme ultime souvenir des méandres de son existence. Les yeux vagues, perdus au lointain, elle balance son sac sur son épaule et sort sans accélérer le moins du monde. Ses rangers pourpres la guident à pas feutrés au dédale des couloirs et escaliers qui peuple le pensionnat. Et alors qu'elle pousse la lourde porte de ce dernier, son regard change.

La jeune femme s'est comme soudainement réveillée. En sursaut. Comme si elle sortait d'un cauchemar terrifiant. Plus précisément, comme si quelque chose l'avait arraché à sa rêverie cauchemardesque. Là, debout, tenant encore d'une main la poignée de la porte qu'elle venait de franchir, elle se met à réfléchir. Ses yeux se fixent sur les moindres détails du parc qui entoure le bâtiment dont elle s'extirpe. On peut voir dans les yeux de la demoiselle un tas d'idées défilées. Les pensées font la course. Chronomètre à la volée. Secondes bouffées et record à en crever.

Doucement, sa main se détache de la poignée. Son sac toujours sur l'épaule vacille dangereusement. Que lui arrive t-il ? Qui pourrait le savoir... Elle-même n'y croit pas. Alors soudain, elle se reprend. C'est impossible. Son attitude est brusquement déterminée. Décidée. Cette femme s'avance, parcourt le parc, rapidement, sachant précisément son but et comment l'atteindre. Rien ne pourra plus l'en empêcher. Devant elle se dresse désormais un ancien saule pleureur...

Balançant son sac contre celui-ci, elle s'assit tout contre l'arbre et jette un œil à son portable. Son visage se tranquillise. Elle est probablement en avance... Du moins, elle en a l'air. Pourtant, elle semble tout de même un peu anxieuse. Comme avant un rencard. C'est étrange... Elle n'est pas vraiment fringuée pour un premier rendez-vous, me direz-vous... Sans doute. Mais alors qu'attend elle ?

La jeune femme saisit finalement son sac et en sort nonchalamment un carnet pour le moins usé. Elle l'ouvre à une page blanche, sort un porte-mine et se met à écrire, l'air apaisé. Que peut-elle bien raconter à ces pages ? Quelle histoire conte-elle en tant de mots ? Quel dessein trace t-elle donc ...?

Une voix stoppa net notre petite anglaise dans son élan. Elle hoqueta de surprise, la main soudainement figée sur sa page, au milieu même d’un mot. Craignant d’être lue par des regards indiscrets, elle ferma son carnet dans un claquement sec et le posa sur ses genoux, le porte-mine avec. Elle se retourna enfin et leva les yeux vers le jeune homme qui s’était exprimé un instant plus tôt.

Emily l’avait déjà croisé dans les couloirs, sans y prêter plus attention que cela. Il était généralement bien entouré et il devait probablement être plus âgé qu’elle. Alors pourquoi se serait-elle intéressée à lui ? Sans parler de sa timidité et de son manque total de confiance en elle. Bref, elle ne l’aurait jamais aborder en temps normal, mais voilà que c’était à lui qu’elle avait promis des cours… Ca promettait.

Le jeune homme était assez grand –enfin par rapport à Emily, presque tout le monde était grand me direz-vous…- avec une carrure sportive mais harmonieuse. Ses cheveux à peine longs sombres lui barraient sans cesse le visage, cachant en partie ses yeux couleur noisette. Bref, tout pour plaire aux jeunes filles pompon girls, non ?

La jeune femme se décida finalement à se lever, son carnet toujours contre elle et salua brièvement l’inconnu.

- En effet. Tu dois donc être « Le Prince ».

Elle s’apprêtait à lui donner son prénom et puis se ravisa. Le jeu des surnoms lui plaisait, alors pourquoi le gâcher ? La demoiselle attrapa donc son sac, et y rangea soigneusement ses affaires avant de le reposer au même endroit.

Et maintenant ?!

La jeune punk s’éclaircit la voix, mal à l’aise. Le regard baissé, n’osant même plus le regarder en face, elle fixait ses pieds comme leur trouvant un soudain intérêt passionnant. Que pouvait-elle bien lui donner comme leçon alors que ce serait plutôt à lui de lui en donner niveau séduction … ?

Spoiler:

A ses paroles, Emily lui jeta un regard. Il souriait. Il lui souriait ? Non, c'était impossible, elle le savait bien. Il se foutait de sa gueule, voilà tout. Et à raison. Non mais sincèrement on n'a pas idée de vouloir donner des cours de séduction à un mec alors qu'on est soi-même pire que timide ?! Et pourtant, elle l'avait fait.


Dans son agacement, elle n'avait même pas relever son nouveau surnom. Mais il était parfaitement inutile de s'énerver contre soi-même maintenant. Et très mal venue de tout annuler. Elle aurait eut l'air encore plus stupide. Il ne lui restait plus qu'à assumer sa connerie. Et, tant qu'à assumer, autant que ce soit le tête haute.

La demoiselle releva donc la tête, les yeux clos. Elle soupira, tentant de se détendre puis ouvrit les yeux, fixant désormais droit dans les yeux son interlocuteur. Il ne lui suffisait que de faire semblant d'être à l'aise. Elle prit donc le rôle, sans autre choix possible.

- Okay. Avant de commencer, j'aimerais te voir à l’œuvre.

Sa voix était de nouveau assurée. Pire : elle semblait presque autoritaire. Puis, la nouvelle professeur se retourna vers l'ensemble du jardin et balaya le lieu d'un geste de la main.

- Drague une fille. Et on verra ce que je peux faire pour toi.

Sur le moment, elle avait envie de s'enterrer six pieds sous terre. Et puis... Le jeu pourrait bien être intéressant. Instructif pour le moins. Le jeune anglaise se résolut donc à jouer coûte que coûte, parfaitement intègre à son nouveau rôle. Elle s'appuya donc contre l'arbre et l'observa, attendant qu'il se décide, avec comme un sourire aux lèvres.

Marcher ? Mais pourquoi faire ? Que cherchait-il ? Il voulait repérer le troupeau avant d'attaquer ? A cette idée, Emily imagina la scène en remplaçant le jeune homme par un jeune lion et les demoiselles présentes dans le jardin par des gazelles. La comparaison était pour le moins comique, pourtant elle écœura l'anglaise pour qui ce jeu prenait des allures irrespectueuses envers les jeunes filles qui se prélassaient dans l'herbe.

En même temps... Qui s'en souciait ? Personne. Lesdites jeunes filles seraient ravies de se faire aborder par "Le Prince" et ce dernier se plaisait à ce jeu de séduction. La petite londonienne n'avait sans doute pas la même éthique que ces jeunes gens. Elle avait des principes, une moral, une raison, du respect. Mais ces choses-là se perdent de notre temps... Ce jeu devenu banale n'ennuyait plus personne.

Sauf elle ? Alors pourquoi le déclenchait-elle volontairement ? Après tout, elle poussait elle-même son interlocuteur à se livrer à ce jeu qui la révoltait. Très paradoxal, non ? Non. Elle, c'était pour voir, par curiosité intellectuelle, pour analyser de près ce à quoi elle n'avait jamais fait très attention. Dans quel but, vous demandez-vous ? Pour le comprendre d'une part, et puis de l'autre pour mieux le critiquer. Par pur cynisme en fait. Du moins, c'est ce dont elle se persuadait en récupérant son sac.

- Comme tu veux.

Emily haussa les épaules, l'air tout à fait indifférent. La bandoulière de son sac à nouveau sur l'épaule, elle se mit en route, suivant sa nouvelle connaissance. Elle observait désormais attentivement les demoiselles qui les entouraient de toutes parts en se demandant sur laquelle allait-il jeter son dévolu. Quelle proie allait-il choisir et surtout, pourquoi ?

Le petit jeu qu'elle avait elle-même provoqué commençait sérieusement à lui déplaire. Il prenait une tournure qu'elle n'avait pas prévu. Et là voilà questionnés par un jeune homme qu'elle connaissait sous l'unique pseudonyme du "Prince". La situation lui parut soudain tout à fait absurde. Elle eut envie de tout arrêter et de se barrer. Loin, très loin.

Mais, toujours le même dilemme en tête. Et après ? Emily perdrait complètement la face devant lui et cela, elle ne le voulait pas. Alors quoi ? Ne rien dire. Surtout se taire. Enfin, dire le strict nécessaire. Remettre une distance avec son nouvel élève. Sinon, il était certain que les rôles s'échangeraient et que son interlocuteur s'imposera sans souci. Il n'en n'était pas question.

- C'est normal. Je ne veux pas attirer l'attention. Je finis mes études et j'me casse retourner chez moi.

Évidemment, son "chez elle" n'était qu'une métaphore. Elle n'avait pas de maison à proprement parler. Personne ne l'attendait nul part. Ce qu'elle voulait juste c'était retourner en Angleterre et y faire sa vie. C'est tout. Mais elle n'avait aucunement l'intention de déballer sa vie à cet inconnu. Déjà qu'elle ne le faisait pas avec des personnes de confiance. Elle abrégea donc avec un sourire pour ne pas paraître trop abrupte.

- Mais, il me semble que ce n'est pas le sujet du jour.

Désormais, la demoiselle souhaitait réellement l'observer à l’œuvre. Cela promettait d'être amusant... Encore fallait-il qu'il se décide. Ce qui ne semblait pas le préoccuper particulièrement.

- Enfin, si tu ne te sens pas aujourd'hui, on remet à demain. Les Dom Juan ont tous leurs moments de faiblesse...

L’Étrangère avait lâché ça avec un petit sourire ironique. Non pas qu'elle se moque de lui. Elle avait juste besoin de reprendre confiance en elle, alors déstabiliser un tant soit peu l'autre ne pouvait que l'aider.

Je rêve. En plus il est narcissique. Comment peut-il plaire aux filles ?!
Tu ne lui laisses même pas une chance sous prétexte d'un jugement hâtif. Comme d'hab'.
Toi, tu restes en dehors de tout ça. Je n'ai aucune envie d'entre mes quatre vérités à l'heure qu'il est !
Tu avoues donc que j'ai raison.
Et alors ?! Je suis persuadée qu'il n'est pas foutu d'écouter quelqu'un plus d'une poignée de secondes sans tout rapporter à lui, lui et lui seul !
Tu crois avoir le droit de juger les gens si vite ?
J'ai tous les droits.

Un soupir et elle se tut enfin. Emily pouvait être sûre qu'elle n'avait devant elle qu'un petit moment de répit avant qu'elle ne revienne à la charge. Il lui fallait donc prouver à l'autre et au monde entier qu'elle avait raison de juger le jeune homme comme elle le faisait jusqu'à présent. Mais comment faire...?

Le laisser parler de lui ? Il pouvait lui raconter tout ce qu'il lui chantait, c'était évident que ce ne serait pas efficace. Il lui fallait mieux que ça... Il lui fallait à tout prix prouver qu'il n'était qu'un imbécile de plus qui ne voyait qu'en la femme qu'un objet potentiellement amusant qu'on pouvait jeter après utilisation. Il n'y avait qu'une solution. Et elle la connaissait. La jeune femme s'arrêta net et le força à en faire autant avant de se tourner vers lui.

- Okay. Voilà ce qu'il se passe. Je n'ai jamais été désirée par qui que ce soit, à commencer par mes parents. Bien sûr, ils ne me l'ont jamais dit. Non. Il a fallu que lentement je le découvre au travers des cris, des insultes, des larmes et de toute la haine qu'ils avaient l'un pour l'autre. Tu sais ce que ça fait de ne voir pendant toute son enfance que de la haine ? J'avais rien. J'étais seule. Et je le suis toujours. Car personne, non personne, ne peut m'aider. Et ne pense surtout pas que je te raconte tout ça parce que j'ai confiance en toi ou une connerie de ce genre. Je suis ta pire ennemie. Pourquoi ? Parce que j'en ai décidé ainsi et que pour une fois j'aimerais faire ce que je veux et non ce que je peux. Alors, joue le jeu, évite-moi et je te promets que plus jamais tu n'auras à t'adresser à la pauvre folle que je suis.

Elle avait dit tout cela d'une traite, sans lâcher ne serait-ce qu'une seconde le regard de son interlocuteur. Pourtant, elle avait parlé sans animosité, sans rage, ou du moins pas pour celui auquel elle s'adressait. Elle le fixait encore quelques secondes sans rien dire, puis se détourna de lui. Tournant les talons vers le bâtiments des dortoirs, elle s'empressa alors de la rejoindre, gardant soigneusement la tête haute.

Toujours en course ? Si aucune réponse, zapé au archives d'ici la semaine prochaine.