Sebastian et Emily étaient sorti du Pensionnat. Ils avaient pris le train et traversé quelques rues.

Il ne pleuvait plus, mais quelques gouttes tombaient quand on passait sous les arbres, sous les toits ou les batiments. Elles mouillaient la veste que Seb avait prise (oui, il faisait quand même froid dehors) et ses cheveux blonds. Il était occupé à parler avec Emily, de tout et de rien. Mais bon, la jeune fille n'était pas tellement bavarde. Mais après tout, elle était quand même très sympa. Il était environ cinq heure et demi, et, c'était normal par un mois de nomvembre, il faisait nuit. Les rues étaient sombres, et les quelques passants se hâtaient de rentrer sous leur parapluie, tout en dévisageant les deux "amis". Mais Sebastian ne s'en souciait guère, il avait l'habitude. En revanche, il ne savait pas comment réagissait son interlocutrice, qu'il ne voyait que très peu dans la nuit. Les maisonettes faisaient très style médiéval, mais le jeune homme aimait beaucoup. En revanche, étant nouveau dans le coin, il n'avait aucune idée d'où se trouvait les bars et les tavernes.

- Dis, tu ne connaîtrais pas un endroit sympa où on pourrais boire un verre ?

En attendant sa réponse, le jeune homme s'assit sur un banc .

Enfin, le bus s’arrête dans un crissement de pneu. Les gens chahutent et descendent tel un troupeau. Je lâche la barre grisâtre à laquelle je me cramponnais depuis presque une demi-heure et descend du véhicule, titubant légèrement. Mes paupières sont lourdes, le voyage à était long, très long. Beaucoup trop long pour moi qui suis habituée à marcher. Je relève la tête et regarde la ruelle. La nuit à déjà enveloppé le ciel de sa teinte bleutée, la lune éclaire les alentours d’une lueur fœtal et peu rassurante. Je regarde les cieux et leur adresse un large sourire.

La rue est déserte, la nuit est dure et le vent est glacial… Bref. L’ambiance est parfaite… enfin, pour moi. Je sors mon MP3 de ma poche et branche mes écouteurs : «The poison de The All American Rejects ». Ca y est, la musique démarre. J’entame ma longue marche à travers les ruelles toutes plus sombres les unes que les autres.

Les minutes défilent, il est maintenant 17h45 et j’arrive devant le pensionnat. Il fait totalement nuit et les lampadaires clignotent sans arrêt. Je tourne automatiquement la tête vers ma droite et aperçoit une ruelle étroite entourée d’immenses maisons aux murs salis par le temps. Je souris et m’y engouffre assez naïvement. L’allée est longue et silencieuse, j’entends juste quelques voies en direction d’une buvette.

Sans réfléchir, je pousse la porte battante et pénètre dans le lieu. Les murs sont en bois rougeâtre assez chaleureux et le sol est un carrelage arlequin rouge et blanc. Les tables sont presque toutes remplies et la bonne humeur semble être invitée. N’y étant pas habituée, je baisse la tête et m’installe à une petite table au fond.

[HJ : Une promesse est une promesse. J'me rattrape sur ce coup !]


Il s'agissait en effet d'un village très particulier. Comme le faisait courir les rumeurs à propos de ce lieu, il était plutôt de style médiéval. Il paraissait très ancien de par les charpentes moisies qui filaient entre les maisons, retenant les énormes pierres qui bâtissaient à elles seule la plupart des habitations. Celles ci étaient d'ailleurs très basses pour l'époque, et guère plus larges, ce qui laissait le champ libre à une contemplation éperdue du ciel. Sous leur pied, les pavés livides et grisâtres qui ornaient le sol se disloquaient un peu plus à chaque pied posé. Le village L’ambiance était lugubre, et même inquiétante. Elle plaisait bien à notre anglaise, malgré qu’elle en ait des frisons.

Mais, elle frissonnait aussi sans doute à cause du vent qui s’était installé. Un vent velouté, et à la fois glacial. Agréable en somme. Puisque les nuages s’étaient entièrement disparus, fondant sous la lune qui apparaissait lentement. La pluie avait cessé depuis quelques temps, laissant tout de même de larges flaques que le duo devait enjamber, voir contourner. Le temps était désormais frais, pâle. Le ciel était clair, et l’on pouvait observer d’entre les vieilles bicoques qui meublaient les ruelles sinueuses, les étoiles qui s’intensifiaient et s’embellissaient à vue d’oeil. Mais personne ne prenait le temps de les admirer. Non, autour d’eux, les gens se pressaient dans leurs épais manteaux d’hiver. Ils se bousculaient. S’écrasaient. Et dévisageaient les deux jeunes gens, qui, au milieu de toute cette agitation, marchaient doucement, discutant peu, partageant beaucoup.

Il y avait de quoi se retourner à leur passage en même temps. Un jeune homme assez grand, et pourtant à la silhouette très féminine. Maquillé habilement, son visage avait tout de celui d’une femme. Sans parler de son look androgyne aux couleurs voyante et criardes, noyées dans un noir profond, et de son slim presque moulant qui devait sans doute avoir été produit pour une femme. Il était accompagné d’une jeune femme à la chevelure indéfini sans doute du à de nombreuses teintures. Vêtue en punk, faisant ressortir le violet évident de son décolleté, et chaussée de rangers noirs. Oui, il fallait avoué, le duo n’avait rien de normal. Mais qu’est ce que c’est la normale après tout ? Ils discutaient amicalement, sans se soucier particulièrement des regards interloqués des passants.

La marche, c’est bien, mais là, Emily commençait à fatiguer. Sebastian lui demanda si elle savait où trouver un bar sympa. Elle réfléchit longuement. Il lui semblait que oui, elle avait entendu par hasard –ou presque- des conversations parlant d’un certain bar… Un bar apparemment plutôt pour les jeunes, un endroit cool, selon certains. Il fallait essayer. Mais quel était son nom...? Un nom bizarre, étrange. Qu’on retient facilement. La taverne… Non. Oh zut, elle et les noms ! Il y avait Aveugle dedans, elle en était persuadée. La Caverne de l’Aveugle ? Oui, ça devait être ça ! Du moins, c’est ce que ses souvenirs lui faisaient pressentir.

La demoiselle voulut laisser la surprise du nom à son interlocuteur. Alors, soudainement, elle saisit sa main et se mit à courir au dédalle des rues, l’entraînant à sa suite. Tout en priant pour qu’elle ne se trompe pas de chemin –mais elle en avait tellement entendu parler de ce bar que cela lui semblait peu probable-, elle ne pouvait s’empêcher de sourire, le vent contre sa peau. Ils enchaînèrent les ruelles sombres et malodorantes, avant de débarquer enfin devant un commerce sombre à l’écriteau usé : « Caverne de l’Aveugle ». Elle lâcha finalement le jeune homme, et poussa la lourde porte de bronze.

La salle principale était assez sombre. Seules quelques basses lumières tamisées éclairaient le bar à proprement parlé, tandis que les tables de bois en parfaite imitation d’acajou se contentaient d’une bougie logé dans un faux crâne rougeoyants placée en son milieu. Un barman chauve et au regard intrigué observa les nouveaux arrivants, essuyant un verre d’un torchon malpropre. Le sol d’une espèce de carrelage rouge s’alliait avec le toit de charpentes bousillées par le temps. Le tout nimbé dans une atmosphère encore plus sombre que les ruelles qu’ils venait de parcourir. C’en était effrayant. Et pourtant, le bar était bondé. La jeune femme frissonna de plaisir. Cet endroit lui plaisait. Il était dans ses goûts. A cet instant, le reste importait peu.

Au fond de la salle, Emily ne pu s’empêcher de remarquer une cliente, assez distante. Elle était seule, avec une grosse valise. A l’air perdu, elle n’avait pas encore commandé. L’anglaise eut pitié de la jeune fille. Elle était sans doute arriver pour le pensionnat, et elle se rappelait très bien comme il lui avait été difficile de passer cette grille. Et puis, il fallait bien ajouter que cette demoiselle l’intriguait. Elle était habillée au même style qu’elle. Une consoeur, c’est rare. Alors on en prend soin. Emily s’approcha d’elle, un sourire qui se voulait rassurant aux lèvres.

- Bonsoir. On peut s’asseoir ? Y’a pas d’autres tables libres. Dit-elle fatalement en balayant de sa main la salle pour appuyer ses propos.

Sebastian entra dans la "Caverne de l'Aveugle", lut-il. L'endroit était très sombre. On ne voyait pas grand chose. Mais Sebastian remarqua néamoins le groupe qui jouait sur la petite scène, tous les quatre éclairés par un néon vert. Le bar était plein à craquer. Il y avait des jeunes et des adultes confirmés, mais la majorité devaient a peine être majeur. Beaucoup de "freaks" d'ailleurs, comme aimait les appeler Seb. C'est aussi pour celà que l'entrée du duo ne fut pas trop remarquée.

Le jeune homme descendit les trois marches qui marquaient l'entrée, faites de carrelages rouges usés. Il suivit alors son interlocutrice, qui se dirigeait vers le fond de la salle. Ils arrivèrent à la table d'une cliente, et Emily s'assit. Apparemment elle cherchait à faire une nouvelle connaissance. Sebastian s'assit également et salua la jeune fille. Elle paraissait bizarre aussi et était habillée dans le même style que 'mily, ce qui lui plu. La carte était posée sur la table, mais Sebastian n'avait pas besoin de la regarder, il savait déjà ce qu'il voulait. une bonne pression, voilà qui lui ferait le plus grand bien. Il se tourna vers le groupe qui jouait. Le quatuor jouait remarquablement bien, et mettait l'ambiance. Sebastian se voyait bien à leur place, en train de jouer devant toutes ces personnes. C'était vraiment son rêve: vivre de sa musique.

Le barman était arrivé. Notre protagoniste se remit face aux deux demoiselles et commanda sa bière. Il se savait pas ce qu'elles avaient choisie. Pendant ce temps, il écouta ce que les autres jouaient et chercha de qui ils avaient repris la chanson. mais ca ne lui revenait pas.

- Ils jouent pas mal le groupe ,hein ? Dit-il pour engager la conversation.

Sebastian ne savait pas vraiment si la nouvelle connaissance était enchantée par le fait que Emily & lui "sqouattent" à sa table. Enfin, il ne voyait pas trop sa réaction, elle était cachée par l'absence de lumière...

Les yeux rivés sur la bougie flamboyante qui éclaire d’une faible lueur, je ne vois pas le duo pénétrer dans le bar. Je me rends compte de leur présence lorsque la jeune femme m’adresse la parole. Je lève lentement la tête, une mèche de cheveux écarlate me cachant les yeux, puis observe longuement les deux inconnus qui s’étaient à présent assis à ma table sans attendre ma réponse.

La première personne était assez grande et fine, les traits du visage bien marqué et un maquillage assez féminin, en fait, elle est féminine. Mais, après l’avoir bien observée, il me semble que s’est un garçon. Pour ne pas faire de boulette comme à mon habitude, je tourne le regard vers la fille.

Celle-ci est nettement plus petite, du moins en taille, et a les cheveux assez courts, sans véritable coupe. Elle porte une longue écharpe violette, cachant une grande partie de son tee-shirt sombre. Son style vestimentaire me plait particulièrement, je souris assez bizarrement puis sors de mes pensées.

« Et bien… asseyez-vous. » Dis-je d’un ton assez froid étouffé par un sourire légèrement forcé. Je veux faire bonne impression. J’avale ma salive et frotte nerveusement mon pied contre le pied de la chaise. « Oui, ils jouent très bien. M’enfin cette musique ne m’emporte pas vraiment … » Ah… voilà qui m’aide à m’intégrer tiens !

Le barman se dirige vers nous, boitant légèrement. Le visage fermé, il ne me rassure pas vraiment. Un plateau vide sur le bras, il nous regarde, d’un air qui se devait apaisant, et propose le menu d’une voix grave et roque. Je saisis la carte, l’ouvre mais la referme après l’avoir vaguement feuilleté. Je demande un simple thé à la menthe puis tend la carte vers la jeune fille avant de la lui poser sur la table.

La jeune fille leur accorda la place sans vrai enthousiasme. Peu importe, ça ne découragea pas Emily. Elle avait même l'habitude. Sebastian et elle s'assirent donc autour de la table. Son partenaire de jeu s'était déjà plongé dans la contemplation du groupe de musique qui se déchaînait sur scène. Elle avait donc bien compris. Sur la route, il lui semblait qu'il avait beaucoup évoqué la musique. Tant mieux, elle aussi en était passionnée. Il fit un compliment au groupe, aussitôt réfuté par l'inconnue. Pendant ce temps, la demoiselle prit un moment pour les écouter, vraiment.

Ce n'était pas le genre qu'elle prisait particulièrement. C'était plutôt pop. Et les paroles n'avaient rien de très originales. Mais, malgré tout, la bande se lâchait totalement. Ils donnaient tout ce qu'ils pouvaient et plus encore. Le chanteur avait abandonné son micro, il n'en avait pas besoin. Il avait de la voix, du charisme et de la présence. Une présence sur la scène incroyable, on ne voyait que lui. Rien que pour ça, la musique lui parut plus accrocheuse. Et la mélodie plus entraînante.

- Moi non plus. Mais 'faut admettre qu'ils ont une putain de présence. Ca, ça se respecte.

L'anglaise s'était retourné vers eux en disant cela. Elle avait parlé en connaissance de cause et sans agressivité. Un sourire lui rendit l'impression chaleureuse qu'elle souhaitait pour réchauffer l'ambiance plutôt glacial. L'étrangère lui tendit la carte, elle la prit mais ne prit pas la peine d'y jeter un œil.

- Un monaco.

Oui, il faisait à peine plus de zéro degré dehors, mais elle voulait un monaco et c'est tout. Le serveur, assez flippant en passant, se tourna vers le jeune homme et s'impatienta pour noter sa commande. Amusée, la jeune femme lui mit la carte entre les mains en montrant d'un regard le serveur agacé.

Puis, elle se tourna vers la nouvelle, intriguée. Emily ne pouvait pas s'empêcher de la dévisager. Elle la fixait dans les yeux, d'un air tout simplement curieux. Qui pouvait-elle être ? Elle n'osait pas la questionner, et pourtant, elle en mourrait d'envie.

Décidemment, le groupe était vraiment bon. Sebastian balançait sa tête de gauche à droite, signe qu'il aimait la chanson. L'âge moyen global du groupe devait être d'une trentaine d'année, L'ambiance se chauffait de plus en plus dans le public et sur la scène. Les gens se levaient, allaient vers la scène et dansaient. Sebastian se retourna vers ses interlocutrices:

- Et vous, jouez d'un instrument ? S'interessa t-il.

L'inconnue était calme, parfaitement calme. Elle ne parlait pas beaucoup. Elle devait être très renfermée, se dit-il. Sebastian attendait impatiemment sa bière qu'il voulait tant. Il avait également envie de découvrir la nouvelle, mais ce n'était vraiment pas gagné.

- Et toi, apparamment tu es nouvelle ici ?!

[Désolé, c'est très court, promi je me rattraperai]

La nouvelle rougit et baissa le regard en apercevant l'insistance d'Emily. Cette dernière, amusée, ne réprima pas un sourire. Elle connaissait si bien cette sensation de gène qu'il était trop délicieux de la faire éprouver à quelqu'un d'autre. Ce n'était pas du sadisme, juste le besoin de savoir qu'elle n'était pas la seule à ressentir cette désagréable impression. Ca la rassurait au moins. La demoiselle en face acquiesça : Elle était nouvelle. Ce qui n'avait pas été très difficile à deviner à la vue de sa valise énorme et de son air perdu.

La demoiselle dévisageait toujours la nouvelle, rongée par la curiosité. Mais elle se retenait de l'assommer de questions indiscrètes. Elle avait des yeux étranges. D'un vert terne aux reflets d'un jaune éclatant, avec au fond quelque chose de beaucoup plus sombre. C'était une couleur indescriptible à vrai dire. Ils fascinaient Emily. Et elle ne pouvait plus s'en détacher.

Pendant ce temps, Sebastian s'était plongé dans la musique et le serveur boitillant revint avec leurs commandes. Un thé, une bière et un monaco. La jeune femme saisit son verre et but plusieurs gorgés avant d'observer à l'extérieur par une fenêtre situé à l'autre bout de la salle. La nuit était tombée vite. Le ciel se faisait menaçant, les nuages s'étaient de nouveau rassembler. Une pluie violente battait les carreaux. L'angoisse de l'anglaise repris le dessus. Priant pour qu'il n'éclate pas d'orage, elle se leva précipitamment.

- Il faudrait mieux rentrer.

Ses paroles étaient rapides et avaient bien failli se précipiter dans un ordre hasardeux entre ses lèvres. Sa voix était glacial et son visage livide. Son corps n'obéissait plus et ses jambes tremblaient sous son poids. Elle lança un regard suppliant aux deux autres, s'appuyant sur la table pour garder un semblant d'équilibre. Derrière elle, la pluie se déchaînait. Le ciel était d'un noir d'encre, terrifiant.

Apparemment, aucune d'elle n'était vraiment à l'aise. L'inconnue avait répondu brièvement et simplement à ses questions, et la conversation ne s'était pas développée. Quant à Emily, elle n'avait pratiquement pas parlé. Sebastian était un peu déçu de la situation. Il pensait que ca serait sympa, ca l'était, mais c'était calme, trop calme à son goût.

Le serveur arriva avec les boissons, qu'il s'empressa de poser et voulait repartir au plus vite. Sebastian le regarda faire d'un oeil amusé. Mais quand celui-ci fut retourné, il l'appela, et le serveur revint sur ses pas un peu mal à l'aise.

- L'addition, s'il vous plaît.

Il ne se fit pas prier. Celle-ci était posée aussi vite qu'elle ne l'était demandée. Sebastian sorti quelques pièce de sa poche. La note était de 4¥.Ce n'était pas vraiment cher. Puis, il arrêtat de se préoccuper de l'argent et commença à siroter sa bière. C'était une pression, elle était délicieuse. Décidemment, le jeune homme aimait vraiment cet endroit, il reviendrai beaucoup de fois.
Il n'était même pas encore à la moitié de son verre que l'orage se mit à gronder. Emily voulait absolument partir. Elle avait fini le sien et s'était levée.

- Qu'est-ce que ...

Emily voulait vraiment partir. Elle avait sans doute une raison valable, ils en reparleraient pendant le retour à pied au pensionnat. En attendant, le jeune homme prit son verre et suivit la jeune fille. Il n'était pas question qu'il ne le finisse pas ou en vitesse. Il le finirait dans la rue, et tant pis si le bar perdait un verre.

Un éclair déchira le ciel en lambeaux. Il fut suivit très rapidement d'un bruit de tonnerre assourdissant. L'orage était tout proche. La pluie aveuglait les rares passants qui se précipitaient chez eux, en sautant entre les nombreuses flaques. Le ciel, menaçant et noir, s'était comme compressé au-dessus d'eux. Le vent faisait violemment voltiger les feuilles déjà à terre et s'acharnait entre les branche d'arbres pour faire tomber les dernières résistantes de cet habituel carnage.

Ils s'étaient tous levé. Sebastian avait embarqué son verre, tandis que la jeune femme avait à peine touché au sien. Cette dernière s'était emparé de sa valise, et s'était rapidement dirigé vers la sortie, elle attendait désormais, gardant la porte ouverte. L'autre lui avait emboité le pas, son verre à la main, refusant de le lâcher.

Emily les avait d'abord suivi, mais quand elle entendit le tonnerre, ses jambes la lâchèrent. Elle s'écroula à genou, le souffle court. Les bras tremblants, elle baissa la tête pour que personne ne puisse voir son visage.

- Merde. ...Aller, calme-toi. Respire... Calme. Calme. Inspire lentement, vas-y., murmura t-elle pour elle-même.

La jeune anglaise tenta de se relever. Mes ses membres ne lui obéissaient plus. Son corps était devenu incontrôlable. Toutes ses tentatives furent vaines.

- Aller, putain ! Relève toi ! Chut... Calme, calme... Calme-toi !, sa voix s'était soudainement élevée plus fort qu'elle ne l'aurait voulu.

Emily avait honte. Honte que sa peur l'empêche de passer une bonne soirée avec deux nouvelles rencontres. Honte qu'elle se retrouve à genou, au milieu d'une foule, incapable de se relever. Honte de sa phobie. Honte d'elle-même. Elle ne tint plus, et ses larmes coulèrent malgré elle.

Sebastian avançait à travers la caverne à petits pas. En effet, pas mal de monde avait entendu la musique ou voulait se protéger de la pluie. En tout cas, beaucoup arrivaient dans la sens contraire à eux. On le bousculait, on le poussait. Il se demanda si il allait réussir à ce que son verre ne se renverse pas. Quant à Emily, elle ne semblait aller très bien. Elle marchait très lentement, si bien que Sebastian n'eut pas de mal à la dépasser. Il arriva à la porte et mit sa capuche, faute de parapluie. Il s'avanca dehors, la pluie tombait à flot. Tout à coup, le bruit d'un verre cassé, et le cris de l'inconnue (dont il ne connaissait toujours pas le nom). Il se retourna, Emily était tombée. Ca n'étonna pas Sebastian, il avait bien vu qu'Emily n'allait pas bien. Mais il n'avait pas pu en être sûr : ca ne faisait que quelques heures qu'il ne la connaissait. Il posa alors son verre à l'abris le plus proche et retourna sur ses pas aider son amie.

Emily était allongée. Elle était consciente, mais semblait avoir perdu le contrôle d'elle-même. Le jeune homme s'accroupi pour la voir de plus prêt. Elle paraissait mal à l'aise.

- Ca va ?!

Pas de réaction de la part d'Emily.

"- Aller, putain ! Relève toi ! Chut... Calme, calme... Calme-toi !"

Non, ca n'avait pas l'air d'aller, elle essayait de se relever, et se mettait en colère toute seule. Sebastian la prit alors par la main et essaya tant bien que mal de la relever. Il mit quelques minutes avant de réussir. Autour d'eux, une foule, une grosse foule. Certains étaient surpris, d'autres avaient eu peur, d'autres regardaient les jeunes gens avec mépris ou bizarrement.

- Allez, y'a rien à voir ici, foutez le camps !

Sebastian ne l'avait pas dit méchamment, juste sur un ton légèrement autoritaire pour que les clients circulent. Certains se mirent à râler, mais tous se dispersèrent peu à peu. Le jeune homme chercha la nouvelle arrivante.

- On y va.

Il prit sa bière au passage et aida Emily à marcher. Et ils marchèrent,; sous la pluie.