Ayame s'arrêta, le front plissé. Cela faisait trois fois qu'elle passait dans ce hall. Elle lâcha un soupir, agacée. les gens ne pouvaient pas mettre des plans plus détaillées ?! Il fallait dire aussi qu'elle n'avait aucun sens de l'orientation. Elle regarda autour d'elle, cherchant des yeux un plan pour se repérer, puis passa une main dans ses cheveux corbeau, avec une furieuse envie de casser quelque chose.

" Ce n'est pas bien d'agir sous la colère" intervint une voix dans sa tête.

" La ferme! je t'ai pas sonnée Rose!" répondit-elle, furibonde.

Elle l'entendit soupirer, puis l'ignora. Aujourd'hui, c'était son premier jour, donc elle avait fait un effort vestimentaire. Elle portait ses converses noirs, remplie d'encre foncé sur la semelle, un slim en jean dans lequel elle se sentait à l'aise (l'un des seuls au passage), un tee-shirt rouge avec comme motif une guitare éléctrique noire, un grand collier avec une clé comme pendentif tombait sur sa poitrine. Son casque dans les oreilles, elle écoutait la même chanson en boucle depuis des heures, sans que son baladeur ne se décharge. Ainsi, elle ressemblait presque à une fille calme et qui évitait les ennuis. Presque. Elle eu alors l'idée d'aller à la Vie Scolaire pour le faire comprends sa manière de penser en ce qui concernait les plans de ce pensionnat, quand elle vit une fille passer. Habillée en noir de la tête aux pieds, les cheveux décoloré, elle semblait être ailleurs. Tiens, peut-être savait-elle où était les dortoirs? Enfin, elle le savait forcément, vu qu'elle devait résider ici. Elle la fixa un long moment, puis changea de posture. Un pieds derrière l'autre, sur la pointe de sa converse, ses mains derrière sa tête, les coudes légèrement vers l'avant, elle continua de fixer la gothique.

" Pourquoi vouloir paraître aussi insolente?"

" Je ne paraît pas insolente. Je suis insolente."

Elle vit la fille tourner la tête vers elle, et planter ses yeux (bleu gris?) dans les siens. Ayame ne baissa en aucun cas ses prunelles bleu, et regarda la gothique avec son regard moqueur. Elle était vraiment trop fière cette fille. Non seulement elle fixait une fille sans vergogne, mais en plus, elle était totalement paumée, et ne voulait pas demander son chemin. " Une fierté mal placée" comme dit la Rose.

Spoiler:

Emily était d'humeur tout à fait posée et sereine. Rien n'aurait pu l'énerver, ou la faire rire. Elle était comme totalement vide de toutes émotions. Cette absence ne la gênait pas, c'était reposant à vrai dire. Sa caboche était absolument indifférente à ce qui se passait autour d’elle, la demoiselle avançait, esquivant les gens avec une sorte d’évidence, comme si elle avait pu prévoir leurs moindres faits et gestes. Une anticipation dérangeante au regard des autres, mais elle s’en moquait.

Vêtue d’un classique haut violacé, de sa veste noire en cuir au style très british et d’un jean sombre déchiré et enchaîné de toute part, elle vagabondait dans les couloirs. Ces derniers étaient d’ailleurs pas mal désertés ces derniers temps. Fin de l’année, que voulez-vous ? Les examens sont bientôt tous finis, les vacances approchent, certaines classes ont déjà fini ! Les élèves retournent chez eux, loin, toujours plus loin. Et elle alors ? On l’avait oublié… Abandonnée sur une aire d’autoroute avant que ses maîtres ne partent en vacances. Espéraient-ils la récupérer au retour ?

C’est sur ces quelques pensées lugubres, qui ne parvenaient tout de même pas à assombrir son visage inexpressif, que la jeune anglaise parvenait au hall de réception. Elle cherchait – en vain jusqu’ici – un quelconque surveillant ou responsable de niveau pour le questionner sur l’absence prolongé de ses colocataire de sa chambrée. Elle en avait un petit peu marre de passer toutes ses nuits seule dans une chambre bien trop grande pour elle.

Mais – Y a toujours ce fucking mais – voilà que notre demoiselle, pénétrant dans la réception, tombe sur le regard insistant d’une jeune étrangère. La détaillant rapidement au travers de ses converses, de son jean et d’un tee-shirt assez rock, elle remarqua finalement son casque. Se demandant soudain ce que cette jeune femme aux cheveux d’ébène pouvait bien écouter, Emily s’arrêta dans son élan. De grands yeux d’un bleu obscur la fixaient sans sembler vouloir se détourner.


La jeune fille ne détourna pas le regard pour autant. Pourquoi serait-ce à elle de baisser les yeux ? Pas question. A ce petit jeu, ça pouvait durer longtemps. Elle était d’un naturel patient. Et puis vu l’état de semi transe dans lequel elle se trouvait, aucune chance qu’elle perde à ça. Sans la moindre émotion apparente, la petite londonienne se mit à explorer le regard de l’inconnue.

Oubliant le pourquoi de sa venue ici, le corps parfaitement immobile, la scène avait quelque chose d’étrange mais de fascinant pour quiconque de l’extérieur : deux jeunes femmes se fixant à quelques mètres de distance, sans le moindre mouvement, sans le moindre son. Rien.

La demoiselle d'en face s'avança, et, toujours en la fixant, la questionna sur l'état des lieux. Sa voix était claire, posé, mais sans appel. Elle avait une pointe d'irritation de ceux qui ont déjà cherché pendant deux heures sans résultat. Mais Emily ne décela dans ses paroles pas la moindre agressivité, malgré que ses actes pouvaient passé aisément pour de l'insolence. C'était une question. Qui attendait une réponse, ignorant toute patience et politesse. D'ailleurs, maintenant que la demoiselle y repensait, il ne semblait pas qu'elle se soit présentée, ou même qu'elle l'ait saluée. Plutôt osée comme approche, avouons-le.

Pourtant, Emily n'avait pas été choquée. Depuis le moment où l'inconnue avait planté ses yeux dans les siens, elle avait eu l'impression que tout bavardage était purement futile. C'était comme si elle se connaissait déjà. Maintenant, autant aller à l'essentiel. C'était donc cela qu'elle cherchait en l'observant ainsi ? D'une certaine façon, c'était rassurant pour l'anglaise. Et puis d'un autre, cette question nette et sans la moindre introduction avait un caractère tellement franc et direct que c'en était assez effrayant. La jeune femme n'était quant à elle pas vraiment du genre à être toujours très honnête et à dire ce qu'elle pensait réellement.

Mais... Pourquoi attendre quand on veut une réponse claire et précise ? Et c'était bien ce que désirait la personne en face d'elle. Ce n'était pas le genre de personne à qui on ne pouvait pas répondre : l'inconnue avait une présence, et était, il est vrai, assez imposante. Non pas de par sa carrure, juste par son regard, sa démarche, sa façon d'être, tout simplement. Emily ne pouvait donc pas ignorer la demande.

- C'pas ce bâtiment. Celui avec les dortoirs est de l'autre côté du parc, répondit-elle d'une voix tellement calme qu'on aurait pu la croire mécanique et calculée à l'avance.

Elle se laissa un moment de réflexion. Les dortoirs des filles ? C'était vraiment pas à coté. Mais, la petite anglaise n'avait à l'heure qu'il est rien à faire et, piquée de curiosité par cet étrange personnage, elle souhaitait en savoir un peu plus.

- Je peux t'y conduire si tu veux, proposa t-elle avec un ton détaché, tentant de bâillonné sa curiosité naturelle.

Spoiler:

Aux paroles de son interlocutrice, Emily eut l'impression que cette dernière lui donna l'autorisation de la guider. Comme si elle lui accorda l'honneur de sa présence. Non mais pour qui se prenait-elle ? Attitude tout à fait déplaisante. Cependant, Emily ne retranscrit rien au travers de son corps, elle restait dans cette impassibilité de fer.

Sa remarque sur la vie scolaire quasiment inexistante et les plans complexes du pensionnat amusa néanmoins la demoiselle, bien qu'elle ne le montra pas davantage. Il est vrai que pour se repérer dans ce déambule de couloirs et de salles, Emily avait eu un mal fou ! Déjà que son sens de l'orientation était définitivement nul mais alors avec des plans où les flèches et les couleurs s'entre-mêlent, il y avait de quoi se taper la tête contre les murs.

Puis, toujours sans une émotion apparente, la jeune punk se retourna et traversa avec une certaine assurance le hall déserté des élèves à cette heure-ci. Tout le monde devait être au réfectoire pour le déjeuner. Réfléchissant à l'itinéraire le plus court pour parvenir aux dortoirs, elle poussa la porte principale et la tint, pour laisser sortir la demoiselle sensée la suivre à ce moment.

Retenant la porte, elle examina plus précisément la jeune femme qui se tenait face à elle. Une silhouette sportive, de longs cheveux noires et toujours ces yeux d'un bleu obscure. Étrange. Et à y regarder ce regard, la curiosité saisit à nouveau la petite anglaise.

- Moi c'est Emily.

A vrai dire, elle n'attendait pas vraiment de réponse. Le comportement de la nouvelle laissait à penser qu'elle n'en aurait pas. Elle semblait indifférente à son environnement, coupée de ce qui l'entourait. Environnement dont semblait faire partie Emily.

Spoiler:

Après avoir parlée, elle vit la jeune fille partir vers le sortie, et la suivit. Elle avait une démarche assez assurée, ce qui plaisait à Ayame. Elle regarda au plafond, les mains derrière la tête, et réfléchit à propos de son guide. Maintenant qu'elle y pensait, elle ne connaissait pas son nom, et avait l'air d'une fille indifférente aux autres. Enfin, ce n'était qu'une impression.. Elle n'était pas très douée pour deviner le caractère d'une personne, elle ne se basait que de ce qu'elle voyait. Elle passa la porte principal quand la jeune fille la tint pour elle, et croisa son regard. Décidément, elle aimait beaucoup ses yeux. Ils avaient des reflets assez bizarre, et Ayame aimait l'idée qu'ils cachaient pleins de choses. Et que chaque secrets se trouvaient dans un reflet de couleurs...

" Rose, arrête avec tes idées de jeunes filles tordues bizarroïdes là!"

" Pourtant, ça peut-être possible non?"

Elle ne répondit pas, et regarda en face d'elle.

" - Moi c'est Emily."

Elle tourna de nouveau la tête vers la jeune fille, et la fixa de nouveau. Elle avait un ton détachée, mais Ayame en déduisit que c'était son ton habituel.

" - Je m'appelle Ayame." répondit-elle en retour.

En général, elle disait son nom sans aucune expression, comme si c'était un poids à porter, mais là, elle fit un petit sourire.

" ROOOSE!! Comment as tu osée me faire sourire?!!"

" Parce que ça nous va bien de sourire, non? Et puis, tu n'es pas très aimable avec cette jeune fille qui t'aide pourtant..."

" Je vais te tuer!"